Une autoroute à travers le Massif central tchèque
La construction d'un tronçon d'autoroute très controversée vient de recevoir le feu vert de la part du ministère de l'Environnement tchèque. Un sujet présenté par Alain Slivinsky.
Le réseau des autoroutes tchèques n'est pas énorme... dans les 500 kilomètres. Il est vrai que la République tchèque n'est pas vaste non plus. Néanmoins, la capitale Prague n'est reliée par des autoroutes qu'avec la Slovaquie et un passage frontière allemand. Vers le nord de l'Allemagne et la Pologne, il n'existe que des tronçons d'autoroute. Vers l'Autriche, dans le sud, on est obligé de passer par Brno, en Moravie, si l'on veut emprunter l'autoroute. Un peu partout, les organisations écologiques protestent contre la construction des autoroutes. Il en fut de même, dans le cas de la D8, qui devrait relier Prague à Dresde. Le litige concerne un tronçon de 16 kilomètres qui devrait traverser un site naturel protégé, le Massif central tchèque. Le ministre de l'Environnement, Milos Kuzvart, vient de trancher : il a donné son accord à une exception à la loi permettant de construire l'autoroute à travers un site protégé. La construction pourrait donc commencer. Ce n'est pas si certain. En effet, les organisations écologiques avaient déjà porté plainte, l'année dernière, contre la décision du ministère de l'Environnement. Elles comptent bien le faire aussi maintenant. Selon Petr Lausman, chargé de l'administration de la Direction des routes et autoroutes, le tronçon de la D8 ne sera pas mis en chantier cette année encore. En effet, les travaux de préparation ont pris du retard en raison des activités des écologistes. Si la mise en chantier n'avait pas lieu l'année prochaine, non plus, le crédit alloué par la Banque européenne d'investissements, mais aussi la date de la mise en service, 2005, pourraient être mis en danger. Ce serait un faux-pas de la Tchéquie, car elle s'est engagée à cela, dans des accords internationaux. Les écologistes n'en démordent pas, pour autant. D'après eux, le ministère de l'Environnement a choisi la pire des solutions. Le ministre Kuzvart contre-attaque en affirmant que dans ce cas, l'intérêt public est plus important que l'intérêt de la nature. La construction des 16 kilomètres d'autoroute en question sera, d'ailleurs, soumise à des conditions draconiennes, afin que les conséquences sur la faune et la flore du Massif central tchèque soient minimisées : pas de pompe à essence ni d'aire de repos, par exemple. Construction de pont et d'écoducs pour la migration des animaux. Selon Zdenek Janda, de l'administration du site naturel protégé, les conséquences de la construction de l'autoroute seront moindres que les autres solutions proposées, qui, en plus, ne résoudraient pas le problème du trafic sur la E55, l'un des axes routiers les plus surchargés en Tchéquie.