Une exposition exceptionnelle embrassant l'art sous les derniers Luxembourg et une période-clé de l'histoire tchèque
« Charles IV, empereur par la grâce de dieu », un intitulé solennel pour une exposition qui ne se veut pas moins grandiose, par son ampleur et son rayonnement international. Après le Metropolitan Museum de New York, l'exposition consacrée à ce grand nom de l'histoire tchèque, et à la famille des Luxembourg, revient dans son berceau : Prague.
Huit années de labeur en tout pour penser et réaliser une exposition résolument ambitieuse sur celui qui a été désigné comme « le plus grand Tchèque de tous les temps », l'année dernière. Ce sont pas moins de 216 objets d'art empruntés pour l'occasion auprès de 96 galeries, musées et collections privées de 11 pays du monde qui s'exposent aux Pragois depuis ce jeudi. Une ambition qui n'a d'égale que la stature du personnage de Charles IV lui-même, dans l'histoire tchèque et l'inconscient collectif du pays, à tort ou à raison, d'ailleurs puisque l'on sait bien que selon les périodes, et souvent avec le recul du temps, l'image des personnages historiques varie au gré des interprétations plus ou moins « objectives ».
Jiri Fajt, commissaire de l'exposition et son principal animateur, explique qu'une de ses intentions était donc de montrer ces personnages historiques, déterminants pour l'histoire de la Bohême, sous un autre jour. Mais ce n'est pas la seule nouveauté :
« Cette exposition change de manière assez significative le point de vue sur l'art médiéval en Europe centrale, aux XIVe et XVe siècles, que ce soit grâce au nombre ou au type même des objets exposés. Nous avons réussi à acquérir, et même à découvrir des oeuvres qui, dans le contexte tchèque ou des Luxembourg, n'avaient jamais été présentées. Il y a même des oeuvres qui n'ont jamais été montrées au public. Et il y a aussi des raretés, comme une sculpture en terre cuite que nous avons réussi à acheter il y a quelques mois au Metropolitan Museum : c'est un objet extrêmement rare car jusqu'alors, on n'avait jamais envisagé qu'une sculpture en terre cuite puisse être un médium en vogue à Prague au tournant des XIVe et XVe siècles. Avec la découverte et l'achat de ce buste qui est probablement celui de la Vierge Marie, nous avons la preuve que la terre cuite s'utilisait ici aussi, et pas seulement à Nuremberg par exemple. »A Prague, la quantité d'oeuvres d'art exposées est plus importante qu'à New York, pour des locaux qui sont loin des dimensions du Metropolitan. Elle a donc été répartie en différents endroits : c'est la galerie du Château qui en est le coeur, mais le visiteur pourra se rendre également dans la cathédrale Saint-Guy, l'aile Marie-Thérèse et les anciennes écuries du Château, de même qu'au couvent Sainte-Agnès pour se faire une image complète de l'art sous la dynastie des Luxembourg. Jiri Fajt :
« Bien entendu, nous avons organisé l'exposition de manière chronologique : nous avons des sections consacrées à la jeunesse de Charles IV, à son père, Jean de Luxembourg, nous avons l'apothéose du règne de Charles IV en tant qu'empereur, puis un thème autour de la cathédrale, un autour de Prague comme centre de l'artisanat de luxe. On continue avec une très grande section autour de l'an 1400, c'est-à-dire l'époque de ce qu'on appelle « le beau style », puis Venceslas IV comme roi-mécène. Enfin, Sigismond de Luxembourg, en tant que roi de Hongrie, de Bohême et empereur du Saint-Empire germanique. »L'exposition, qui est accompagnée d'un programme annexe riches en concerts, spectacles et conférences, s'achèvera le 21 mai. (Plus d'info sur : www.karel-iv.cz)