Une initiative tchèque qui suscite le mécontentement des Etats-Unis
La résolution de l'ONU, qui critique Cuba en ce qui concerne les droits de l'homme, pourrait rencontrer des problèmes, en raison de l'amendement tchèque. Alain Slivinsky.
C'est le ministre américain des Affaires étrangères, Colin Powell, qui a exprimé ces craintes. Selon lui, la critique de la violation des droits de l'homme, à Cuba, est une priorité des Etats-Unis. L'amendement tchèque, refusant les sanctions économiques contre Cuba, pourrait sérieusement compliquer son adoption, dans les semaines à venir, par la Commission de l'ONU pour les droits de l'homme, à Genève. Colin Powell a affirmé que cet amendement représente, pour les Etats-Unis, un important obstacle qu'il sera difficile de surmonter. Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Kavan a réagi aux déclarations de son collègue américain en déclarant : « Je pense qu'il n'est pas souhaitable de médiatiser, pendant les négociations, chaque modification de chaque texte. Cela réduit l'espace de manoeuvre. Je ne veux pas dire, pour autant, que je ne sois pas prêt à la discussion. Je mets, pourtant, en garde contre de telles discussions, qui peuvent avoir leur côté négatif, dans le sens de la recherche du consensus le plus large, qui est toujours basé sur un compromis ». Le chef de la diplomatie tchèque a encore ajouté qu'il était persuadé que les sanctions économiques, d'ordre général, n'avaient aucun effet. Elles pourraient même conduire à un résultat contraire à l'objectif visé.
Les réactions, en République tchèque, sont des plus diverses. Karel Kühnl, président de l'Union de la liberté, affirme que les sanctions économiques américaines contre Cuba n'ont pas été décidées en raison de la violation des droits de l'homme, mais parce que Cuba a confisqué les biens de dizaines ou de centaines de milliers de citoyens américains. Pour les communistes, naturellement, la politique étrangère tchèque redevient « réaliste ». Jan Zahradil, de la principale formation de l'opposition, le Parti civique démocrate, affirme que la Tchéquie, dans sa position envers Cuba, se trouve dans une impasse : d'un côté, le ministre des Affaires étrangères désireux de plaire à l'Union européenne et certains pays d'Amérique Latine, de l'autre son vice-ministre Martin Palous et le chef de l'Etat, Vaclav Havel, qui seraient, plutôt, pro-américains. Une affaire à suivre.