Une loi spéciale pour apprécier les mérites d'Edvard Benes
Une loi spéciale appréciant les mérites du deuxième président tchécoslovaque, Edvard Benes, pour l'Etat, a été adoptée, mardi, par la Chambre des députés.
Selon le député communiste, Miloslav Ransdorf, il a fallu faire face aux voix venant de l'autre côté de la frontière qui qualifient Benes de l'un des plus grands assassins de l'histoire. Les Allemands des Sudètes critiquent Edvard Benes pour avoir signé les décrets qui les avaient frappés pour leur co-responsabilité dans l'éclatement de la Tchécoslovaquie d'avant-guerre et dans l'occupation consécutive du pays.
Des opposants sont d'accord que Benes était un grand homme politique, mais aussi une figure pleine de contradiction. Il ne fait pas de doute qu'aucun autre président n'a eu à affronter autant d'épreuves décisives et fatales: Munich, en 1938, et le putsch communiste, en février 1948. Les mérites de Benes, selon certains critiques, c'était l'interdiction, de fait, de l'opposition politique en Tchécoslovaquie d'après-guerre, la dite démocratie limitée, c'était une série de pas ouvrant la porte à Staline qui ont culminé par la démission des ministres démocratiques et le putsch communiste, c'était l'expulsion des Allemands de la Tchécoslovaquie, la nationalisation, l'attachement vassal à l'URSS.
Les députés chrétiens-démocrates critiquent l'adoption de la loi. A la veille du 25 février, date du putsch communiste, en 1948, les communistes ont fait à Benes un beau cadeau, estiment-ils. La loi controversée est perçue comme un message aux Allemands des Sudètes sur l'intangibilité des décrets Benes. Petr Placak, rédacteur en chef du journal estudiantin Babylone juge que la loi est une insulte aux Tchèques torturés par les communistes et à Edvard Benes lui-même, car ce dernier s'est rendu compte, à la fin de sa vie, de son immense erreur en ce qui concernait les objectifs des communistes.