Une tapisserie pour immortaliser l’héritage de Václav Havel à l’aéroport de Prague
L’aéroport de Prague a rendu un nouvel hommage à la mémoire de Václav Havel, décédé il y a bientôt un an, en dévoilant, dimanche, une tapisserie réalisée par deux artisans français d’Aubusson, d’après un dessin de l’artiste tchèque Petr Sís. Une manière de rappeler le combat mené par l’ancien dissident et président pour la liberté et les droits de l’Homme.
« Nous sommes ici, à cette cérémonie, pas tant pour une cause que pour un credo. Ce credo est que nous croyons que le travail des artistes aide à créer notre futur. Nous avons cette conviction et l’espoir que les millions de gens qui passeront par l’aéroport de Prague et par la République tchèque dans les années à venir lèveront la tête et s’arrêteront devant cette magnifique œuvre d’art. J’espère qu’ils y verront la mémoire et l’exemple de l’homme à qui elle est dédiée ; j’espère qu’ils continueront, et que vous continuerez, le combat pour les droits de l’Homme qu’il a commencé, et que cette œuvre rappellera toujours le pouvoir de ceux qui en semblent privés de créer un monde meilleur. »
Une œuvre d’art d’une très grande force symbolique donc, qui a été tissée d’après le dessin de l’artiste tchèque Petr Sís, un ami de Václav Havel présent lui aussi à la cérémonie pour admirer le résultat final. Voici sa réaction :
« J’ai dessiné une image qui était supposée être triste car l’idée était d’obtenir une image commémorant le décès ou la disparition de Václav Havel. A l’origine, c’était une image très triste et désespérée ; et de ce dessin désespéré est née une tapisserie pleine d’inspiration, ce à quoi je n’aurais jamais pensé. Ce dessin insignifiant s’est révélé être une merveilleuse tapisserie qui sera suspendue ici à l’aéroport et inspirera les gens. »L’œuvre a été réalisée en France par deux artisans suivant la technique de la tapisserie d’Aubusson, un artisanat traditionnel datant du XVe siècle et inscrit depuis 2009 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Un travail émouvant que les deux artisans, Daniel Bayle et René Duché, ont eux aussi découvert dans sa version finalisée lors de la cérémonie.
« C’est la première fois que nous la voyons en entier, donc bien sûr nous étions assez stressés du résultat. Et nous sommes assez satisfaits. »« Une tapisserie, c’est mural, donc elle doit se voir au mur avec une certaine distance, c’est une autre vision. Pour moi, c’était très émouvant de travailler sur cette tapisserie, pour la destination et le thème. »
« C’est vrai que ça sautait aux yeux : dès qu’on l’a vue, on a tout de suite pensé à ce qu’avait fait Václav Havel. Nous, nous étions tout petits à côté. »
Une œuvre d’art devant laquelle il y a effectivement de quoi se sentir petit puisqu’elle mesure près de cinq mètres de haut et quatre mètres et demi de large, et que les voyageurs transitant par l’aéroport Václav Havel de Prague pourront admirer pendant les dix prochaines années.