Une unité spéciale part déminer une rivière en Bosnie
Une unité spéciale d’élite de la police de Brno a quitté la République tchèque le 3 septembre pour se rendre en Bosnie-Herzégovine. Leur mission : déminer la rivière Sáva, dont le fond, tapissé d’obus de mortier, témoigne encore aujourd’hui de la guerre sanglante qui a fait rage dans la région il y a 17 ans.
Filip Lipovský est le chef de l’unité spéciale. Avant le départ, il s’est dit persuadé que son équipe était à la hauteur :
« Quand on nous a demandé si nous étions capable de mener à bien cette mission, j’ai dit que je pensais que oui. J’ai une très bonne équipe derrière moi. Mais j’ai quand même demandé à tous les membres si le niveau de risque était pour eux acceptable. Ils ont tous dit oui. Cela dit, il y a un vrai respect face à ces bombes : on ne va pas sortir de l’eau n’importe quoi. Ce sont des mines, et de surcroît les plus grosses qui soient. »
Les plongeurs-démineurs tchèques vont devoir travailler dans des conditions particulières : la rivière, dont la largeur ne dépasse pas 200 mètres à certains endroits, sera difficile à couvrir par l’équipe. Première étape de la mission : repérer les obus de mortier grâce à un sonar, avant de descendre en plongée. Beaucoup de précautions donc, car aucun risque ne doit être sous-estimé, comme le précisait encore Filip Lipovský quelques semaines avant le départ :« Je pense que personne n’a jamais dû gérer quelque chose de similaire. Je pense d’ailleurs qu’aucune société d’assurances ne voudrait assurer un pyrotechnicien, un plongeur qui irait chercher sous l’eau une mine de calibre 120 mm, qui la manipulerait, tout cela sans grande visibilité et avec du courant. Je n’ose même pas imaginer combien ça coûterait et si quelqu’un prendrait ce risque… »
Le gouvernement bosnien estime qu’il doit y avoir environ 150 obus de mortier sous l’eau, mais leur nombre exact est inconnu. Elles font près d’un mètre de long et pèsent chacune environ 20 kg. En cas d’explosion, les bombes ont un périmètre mortel de 800 mètres. A quelques semaines du début de leur mission, Lubomír Znojil, chef de l’unité de plongeurs de Brno, confiait ses impressions à la télévision tchèque :« Ce sont des impressions très mélangées. Nous allons dans un endroit où nous ne sommes jamais allés, faire quelque chose que nous avons l’habitude de faire, mais jamais à une telle échelle. C’est un sentiment étrange, comme si vous ‘retourniez à la guerre’. Il y a vraiment beaucoup de munitions, et nous ne sommes pas capables de dire si elles seront actives ou non. Je serai vraiment content quand cette mission sera derrière nous et accomplie avec succès, et que nous rentrerons sains et saufs dans nos familles. »Partis le 3 septembre, les membres de l’unité spéciale de déminage devraient travailler neuf jours dans la rivière Sáva.