Adina Mandlová, la star emblématique de l’âge d’or du cinéma tchèque
Elle se disputait avec Lída Baarová le trône de la reine du cinéma tchèque des années trente et quarante. La comédienne Adina Mandlová est née il y a tout juste un siècle, et, aujourd’hui encore, elle ne quitte pas le petit et le grand écran parce que les films qu’elle a tournés restent toujours étonnamment populaires. Admirée et enviée, Adina Mandlová n’a pas échappé cependant aux rouages de l’histoire et a fini par être chassée des studios de cinéma et de son pays.
«C’était une femme rebelle et c’est ce qui m’attirait surtout chez elle. Jeter un regard sur cette femme d’une grande beauté, une femme charmante, élégante et sexuellement conquérante, qui pense que tout va lui réussir et qui, tout à coup, se retrouve coincée dans un piège, et dont l’existence devient de plus en plus dure.»
C’est pendant la Deuxième Guerre mondiale que la carrière d’Adina Mandlová est à son apogée. Elle tourne les deux chefs d’œuvres de sa filmographie, la comédie «Christian» et le drame «Bon voyage», mais aussi un film allemand. Elle apprend à cohabiter avec l’occupant nazi sans collaborer avec lui. C’est ce que confirme le journaliste Aleš Cibulka:
«Elle savait avec qui faire connaissance, avec qui se montrer lors des soirées mondaines pour en tirer un certain profit, mais elle n’en a jamais abusé. Plusieurs spécialistes renommés ont cherché dans les archives nazies pour répondre à la question si elle avait nui vraiment à quelqu’un. Non, ce n’est pas le cas. Elle a même intercédé pour plusieurs personnalités.»Après la guerre, Adina Mandlová est pourtant accusée de collaboration et d’avoir entretenu une liaison avec le protecteur du Reich en Bohême et Moravie, Karl Hermann Frank. Discréditée et réduite au silence, elle se sauve en se mariant avec un pilote britannique d’origine tchèque et se réfugie au Royaume-Uni. Sa carrière cinématographique est pratiquement finie. Elle passera le reste de sa vie en Grande-Bretagne, à Malte et au Canada, et ne reviendra en Tchécoslovaquie qu’en 1991, à la veille de sa mort. Son charme, son intelligence, son humour teinté d’ironie continueront à séduire les spectateurs et contribueront beaucoup au regain d’intérêt pour le cinéma tchèque des années trente et quarante.