Aleš Svoboda, un Tchèque prochainement de nouveau dans l’espace ?

Aleš Svoboda

Un Tchèque figure dans la promotion des dix-sept nouveaux candidats astronautes de l’Agence spatiale européenne (ESA), présentée à Paris le 24 novembre. Si l’annonce de cette sélection a suscité beaucoup d’enthousiasme dans les médias tchèques, Aleš Svoboda, membre de l’équipe de réserve, possède toutefois, a priori, peu de chances de participer à une mission spatiale dans un très proche avenir.

Devenir spationaute, un rêve étoilé de gamin et l’aboutissement d’un dur et long travail ? Les deux mon capitaine, à en croire Aleš Svoboda, capitaine et pilote de chasse de l’Armée tchèque :

Aleš Svoboda | Photo: ESA

« Ah oui, cela a toujours été un rêve depuis que je suis tout petit. Enfant, le Planétarium de Brno était mon deuxième chez-moi, mes parents m’y accompagnaient très souvent, et je m’intéressais déjà beaucoup aux choses de l’espace, à l’aviation et à l’astronautique. Je considère donc le fait d’en être là où j’en suis aujourd’hui comme la suite logique de mon parcours depuis. »

Il y a eu Vladimír Remek en 1978, qui en plus d’être le premier Tchécoslovaque, avait marqué l’histoire en devenant aussi, dans le cadre du programme Intercosmos, le premier cosmonaute envoyé dans l’espace qui ne soit ni soviétique ni américain. Bien sûr, et personne ne l’a oublié non plus, il y a eu aussi « Krtek », le héros préféré des enfants tchèques. En 2011 et 2018, l’astronaute américain Andrew Feustel, dont la femme a des origines tchèques, avait emmené avec lui, sous forme de peluche, la célèbre petite taupe du dessin animé pour deux autres voyages spatiaux. Et, qui sait, Aleš Svoboda sera donc peut-être celui qui, dans les années à venir, ajoutera son nom à cette courte liste des conquérants tchèques de l’espace.

Pour l’heure, toutefois, rien n’est moins sûr, et Jan Spratek, expert à l’Observatoire et au Planétarium de Prague, explique pourquoi :

Photo: ESA

« Tout le monde a une idée légèrement différente du terme ‘réserviste’. Souvent, les gens pensent que cela signifie qu’il ne volera pas. Mais les cinq professionnels qui ont été engagés par l’ESA n’ont eux non plus pas l’assurance de participer à un vol spatial habité. Le travail d’un astronaute ne consiste pas seulement à voler dans l’espace, en orbite ou vers d’autres corps, mais aussi à effectuer un travail considérable dans les centres d’opérations et à aider les autres chercheurs. La probabilité de voir Aleš Svoboda voler dans les prochaines années est donc relativement faible. Il est préférable d’envisager un horizon d’une dizaine d’années. Il pourrait alors être appelé pour un entraînement dans le but d’être affecté à une mission complète. »

Photo: ESA

S’il n’a donc pas encore marché sur la Lune, Aleš Svoboda, dont le nom de famille signifie « liberté », a néanmoins déjà réalisé, à 36 ans, un sacré bout de chemin. Et ce d’autant plus que c’était la première fois que la République tchèque, qui était devenue en 2008 le premier pays de l’ex-bloc communiste membre de l’ESA, pouvait participer à cette sélection de nouveaus astronautes, la première depuis treize ans. Parmi les plus de 22 500 postulants issus de tous ses États membres, un peu plus de 200 étaient tchèques. S’il est donc sorti d’une rude sélection, Aleš Svoboda reste les pieds sur terre quant à un éventuel vol dans l’espace :

« Je pense que ce serait une bonne chose si l’Europe était enfin en mesure d’envoyer ses représentants en orbite terrestre. Jusqu’à présent, elle a toujours été dépendante des États-Unis, puis de la Russie à la fin du programme Space Shuttle, ce qui n’était pas l’idéal comme l’a montré la suite des événements. Donc si je pouvais participer au développement d’un tel programme d’exploration, cela ne me déplairait certainement pas. »

Centre des astronautes européens,  Cologne,  Allemagne | Photo: ESA

Avant cela, les nouveaux candidats de cette promotion 2022, originaires de onze pays au total, seront basés au Centre des astronautes européens situé à Cologne, en Allemagne, où ils bénéficieront d’une formation conforme aux standards fixés par les partenaires de la Station spatiale internationale.

À noter que c’est la première fois que l’ESA a mis en place une réserve d’astronautes constituée de candidats qui, bien qu’ayant réussi toutes les épreuves du parcours de sélection,  ne peuvent pas être recrutés dans l’immédiat. Ces « réservistes » resteront auprès de leur employeur actuel  mais bénéficieront d’un contrat de consultant ainsi que d’une formation élémentaire. Ils entameront la formation de base si une occasion de vol est identifiée. Aleš Svoboda, comme il le fait depuis tout petit, a donc encore un peu de temps devant lui pour voir son rêve tout à fait se réaliser.