AlimenTerre : la Terre dans notre assiette

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La capitale tchèque a accueilli la semaine dernière, du 14 au 18 octobre, la troisième édition d’AlimenTerre, un festival de films documentaires sur l’alimentation. C’est un projet transnational, qui se déroule en parallèle en France, en Belgique, en Allemagne et au Luxembourg. Il fait découvrir la vraie histoire de notre alimentation et des ingrédients qui se retrouvent dans notre assiette. Le festival montre ainsi que des problématiques qui peuvent paraître lointaines nous concernent en fait au quotidien. Sa directrice, Aurèle Destrée, en charge du programme sur les politiques d’alimentation et de développement du think tank Glopolis, est au micro de Radio Prague.

Aurèle Destrée,  photo: Europeum
« Le festival prend son origine en France. On travaille avec la Coordination française de solidarité internationale (CFSI) qui est une plateforme d’ONG françaises qui organisent un festival ensemble. Le nom AlimenTerre s’écrit d’une façon spéciale en mettant le mot Terre – la planète – au centre de l’intérêt. L’idée derrière était de créer un espace de discussion sur des questions alimentaires qui relient notre alimentation ici et les enjeux plus mondiaux, surtout les enjeux qui concernent l’agriculture familiale dans les pays en voie de développement. »

Cette année les organisateurs se sont focalisés sur une thématique particulière. A travers le choix des films documentaires et des débats qui suivaient leur projection, il s’agissait de montrer la façon dont nos propres habitudes alimentaires influencent le reste du monde. Pour ce faire, le timing du festival n’est pas anodin. Aurèle Destrée :

« Le 16 octobre c’est la journée mondiale de l’alimentation. C’est le moment où la communauté internationale porte le regard sur les questions alimentaires. Un rapport de la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) sur l’état de l’insécurité alimentaire est publié, selon lequel, aujourd’hui malheureusement on a dans le monde 142 millions de personnes qui souffrent de faim chronique. Mais on se rend compte qu’il ne s’agit pas autant d’un problème de quantité de nourriture mais plus d’un problème de pauvreté, d’inégalité dans l’accès à la terre ou au marché. »

Le festival s’adresse avant tout à un public jeune. Il vise à sensibiliser les étudiants à des questions dont la portée est globale, des thématiques qui peuvent paraître lointaines à certains. Aurèle Destrée met l’accent notamment sur le fait que le festival lie en permanence ces sujets avec notre réalité alimentaire de tous les jours :

'Killing Fields: the battle to feed factory farms Killing Fields: the battle to feed factory farms',  photo: Site officiel du festival AlimenTerre
« Je crois qu’il y a une demande en termes de discussion et de questions nouvelles. En République tchèque, ces questions sont encore peu discutées, donc c’est cela la mission de Glopolis, de pouvoir amener ces sujets au grand public. Et le festival est une occasion particulière quand on prend le temps de regarder un film, parfois les images parlent plus que des mots. De plus afin de créer un espace de discussion, on organisait un débat après chaque projection. »

'Hushed Land – the Story of Soy Hushed Land – the Story of Soy',  photo: Site officiel du festival AlimenTerre
Parmi les films documentaires de cette troisième édition figurait également un projet amateur d’une association bretonne dont les membres ont voulu savoir quels étaient les réels usages du soja en Europe. Il s’est donc avéré que le soja produit n’a pas principalement pour but de satisfaire les goûts des consommateurs de cet espèce de fromage sans goût qu’est le tofu. Le soja est avant tout destiné à répondre aux besoins alimentaires des animaux d’élevage européens. Ils le consomment dans de telles quantités que la demande croissante en soja a des implications environnementales et sociales graves en Amérique latine.

Terminé ce vendredi à Prague, le festival AlimenTerre devrait maintenant entamer sa seconde vie. Le think tank Glopolis va prêter tous les films à des écoles pragoises ainsi que dans les autres régions de République tchèque.