Archéologie : au sultanat d’Oman, des fouilles internationales fructueuses sous direction tchèque

Ce sont plusieurs découvertes uniques qui ont été réalisées lors de la troisième saison de fouilles menées au sultanat d’Oman par une équipe internationale d’archéologues, dirigée par des chercheurs de l’Institut d’archéologie de l’Académie des Sciences tchèque.

Photo: Roman Garba,  Institut archéologique de l’Académie des sciences/project ARDUQ

Des bifaces, des chambres funéraires circulaires, des gravures rupestres ou des sites évoquant Stonehenge, mais en plein désert : les campagnes de fouilles menées par cette mission archéologique internationale ont donné des fruits inattendus couvrant de larges périodes de la préhistoire, depuis 1,3 million d’années jusqu’à des temps relativement plus « proches » de nous, comme le Néolithique. . L’archéologue Roman Garba, qui dirige l’équipe tchèque, détaille les trois sites explorés :

Roman Garba | Photo: YouTube

« On se sent un peu comme Indiana Jones sur place parce qu’il y a tant de choses à découvrir sur place. Cela reste un pays peu fouillé au niveau archéologique, notamment en raison du climat. Durant cette mission nous avons réalisé trois mises au jour importantes : des outils en pierre, datant du Paléolithique inférieur, que nous avons trouvés dans le sud du sultanat d’Oman. Nous avons aussi mis au jour une tombe collectif datant du Néolithique, dans le centre du pays. Enfin, il y a la découverte de multiples peintures rupestres dans la même région. Nous ne nous concentrons pas sur une période en particulier : avec les bifaces nous sommes très loin dans le temps, mais pour les mises au jour d’artefacts des périodes les plus récentes, on est à plus de 2 000 ans, à l’époque romaine. »

Le camp d´équipe internationale d’archéologues au Rub al Khali | Photo: Roman Garba,  Institut archéologique de l’Académie des sciences/project ARDUQ

C’est dans les dunes du Rub al Khali, littéralement le « Quart Vide », un des plus grands déserts au monde situé dans la partie la plus méridionale de la péninsule arabique, que les archéologues ont mis au jour des bifaces, émouvants témoins des migrations humaines lors des premières sorties d’Afrique entre 1,3 millions d’années et 300 000 ans. Cette zone de la péninsule, de par sa situation géographique, a servi de corridor naturel entre le continent africain, berceau de l’humanité, et l’Eurasie.

Photo: Alžběta Danielisová,  Institut archéologique de l’Académie des sciences/project ARDUQ

Sur plus de 300 mètres de dunes, les archéologues ont retrouvé des coquilles d’autruches disparues, une dune fossile et un ancien lit de rivière datant d’une période où l’Arabie avait un climat beaucoup plus humide, ce qui devrait permettre aux chercheurs d’étudier la capacité d’adaptation des humains au changement climatique. C’est là aussi qu’ont été mis au jour les fameux bifaces.

Dans la localité de Nafun, située dans le centre du sultanat, les archéologues ont également mis au jour une tombe néolithique datant de la période entre 5000 à 4600 avant J.-C., qui recel contenait les dépouilles de dizaines de personnes. L’analyse isotopique des os, des dents et des coquillages devrait permettre d’en savoir plus sur le régime alimentaire, l’habitat et les migrations de ces populations néolithiques. À proximité, l’équipe internationale a également découvert des rochers recouverts des gravures qui pourraient avoir jusqu’à 7 000 ans :

Travaille avec des gravures | Photo: Roman Garba,  Institut archéologique de l’Académie des sciences/project ARDUQ

« Ces rochers sont couverts de plus de 500 images de chameaux, de chevaux et d’ânes. A la faveur de la mission de cette année, nous y avons également trouvé des représentations de tortues. En plus des images, il y a aussi plus de 200 inscriptions dans une écriture qui n’a pas encore été déchiffrée. »

Enfin, les images satellites ont permis de déceler plus d’un millier de sites rituels circulaires, vieux de plus de 2 000 ans. Si les chercheurs ne savent pas véritablement quels type de rituels pouvaient s’y dérouler et que leur fonction reste pour l’heure en mystère, il leur est toutefois possible de décrire assez précisément ces rangées de pierres appelées « trilithes » :

« Les pierres mesurent entre 50 et 80 centimètres de haut et sont posées sur des plates-formes à proximité desquelles se trouvent des blocs de pierre carrés. Il y a ensuite une rangée parallèle de grands foyers. Ces structures se trouvent dans l’est du Yémen mais s’étendent sur toute la côte d’Oman. Au total, on peut trouver  ces sortes de Stonehenge miniatures sur une bande de terre d’environ 1 800 kilomètres de long. »

Photo: Alžběta Danielisová,  Institut archéologique de l’Académie des sciences/project ARDUQ

Les recherches menées au sultanat Oman s’inscrivent dans le cadre d’un projet plus vaste mené par l’anthropologue Viktor Černý, de l’Institut d’archéologie  et dont les recherches portent sur les interactions bioculturelles des populations et leur adaptation au changement climatique. Cette expédition, nommée ARDUQ, rassemble des scientifiques de Tchéquie, des États-Unis, de Grande-Bretagne, d’Ukraine, d’Iran, d’Italie, de Slovaquie, d’Autriche, de France et d’Oman, et ne devrait pas s’arrêter à cette troisième campagne de fouilles puisqu’une nouvelle mission est prévue dès l’an prochain.

Photo: Institut archéologique de l’Académie des sciences/project ARDUQ
Auteur: Anna Kubišta
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