Archives StB : Ben Barka informateur de Prague

Mehdi Ben Barka, leader de l'opposition marocaine et du mouvement tiers-mondiste au début des années 60, était un informateur de la StB, l'équivalent tchécoslovaque du KGB. C'est en tout cas ce qui ressort d'un imposant dossier retrouvé à Prague dans les archives des services de renseignement.

Le dossier, qui porte le numéro 43-802, est très détaillé. Il retrace les cinq années de collaboration entre la StB et Mehdi Ben Barka - sous son nom de code « Cheikh » - jusqu'à la mystérieuse disparition de celui-ci à Paris en 1965.

Historien de formation, le journaliste Petr Zidek a retrouvé ce dossier en microfilm et vient d'en publier le contenu dans le magazine français L'Express. Son enquête sera également publiée dans le prochain supplément du week-end du quotidien tchèque Lidove noviny. Au micro de Radio Prague, Petr Zidek a insisté sur le caractère exceptionnel du dossier Ben Barka :

« Ce dossier est exceptionnel parce qu'il comporte 1500 pages, ce qui est rare pour la StB. Il traite le sujet très en détail et je pense que c'est un bon document historique. »

Ces détails concernent l'évolution de la collaboration et la rémunération de Mehdi Ben Barka par la StB ?

« Oui, il n'y a pas de reçus ni de de factures mais il y a des documents qui prouvent que Ben barka a reçu telle somme d'argent pour tel objectif. Par exemple pour aller assister à une conférence afro-asiatique. »

Ces sommes sont d'ailleurs assez peu élevées...

« Non, on peut dire que ce sont des petites sommes. Pour un voyage en Guinée, il a reçu 3500 Francs français de l'époque. »

Est-ce que la StB avait d'autres informateurs de ce calibre dans les pays du Maghreb ?

« Je ne sais pas vraiment, parce qu'il faut souligner ici que les archives de l'espionnage tchécoslovaque de l'époque ne sont pas actuellement tout à fait ouvertes aux chercheurs. Nous ne savons pas s'il y avait d'autres inforamteurs à ce niveau. Il est néanmoins connu depuis des années dans le milieu des chercheurs tchèques qu'Amilcar Cabral de la Guinée-Bissau était un agent de la StB, mais rien au Maghreb... »

Vous pourrez écouter la suite de cet entretien sur le dossier Ben Barka dans notre émission de demain.