Camille Saint-Saëns, un compositeur mal connu
Le 120e anniversaire de l’inauguration du Nouveau Théâtre allemand, établissement qui existe encore aujourd’hui sous le nom de l’Opéra d’Etat de Prague, sera fêté, le 13 février prochain, par l’exécution de deux oeuvres pratiquement inconnues de Camille Saint-Saëns. Pour le directeur musical de l’Opéra d’Etat, Guillaume Tourniaire, qui a préparé cette production, c’est aussi une occasion d’attirer l’attention du public et de la critique sur les beautés de la musique de ce composteur considéré parfois comme rétrograde et jugé trop sévèrement par la postérité. Guillaume Tourniaire a expliqué lui-même son choix au micro de Radio Prague.
-Pour le concert à l’occasion du 120e anniversaire de l’Opéra d’Etat vous avez préparé une production assez spéciale. Il s’agit de deux oeuvres oubliées de Camille Saint-Saëns. Ont-elles été oubliées justement ou injustement ?
« Je suis persuadé à deux mille pour cent qu’elles ont été oubliées injustement, très injustement d’ailleurs, ou qu’on ne connaissaient pas leur existence. En fait, en ouvrant de bonnes biographies de Saint-Saëns on peut lire que ‘Nuit persane’ est une excellente pièce. On peut lire aussi que ‘Hélène’ est un de ses meilleurs opéras, mais personne ne les a jamais ouvertes, parce que peut-être, cela n’était pas politiquement bien vu, car il avait eu des mots bien difficiles à propos de la création du ‘Sacre du printemps’ de Stravinsky et de ‘Salomé’ de Strauss. Donc il a été mis de côté par la société bien pensante d’une époque. »
-Vous présentez donc ces deux œuvres en version concert. Est-ce une production tout à fait statique ou c’est une véritable mise en scène ?
Et là, c’est un effet de flash-back et plutôt de l’anticipation avec un orchestre et un chœur qui hurle, avec les gémissements de la foule de Sparte et de Troie qui se font la guerre. C’est très cinématographique et très moderne comme idée, contrairement à tout ce qu’on peut penser de Saint-Saëns. Il anticipe même sur ce que pourrait être la musique de cinéma. »
-Avez-vous trouvé à Prague les artistes à la hauteur de cette musique ?
« Il y a parmi les solistes de la troupe de l’Opéra des gens de très grandes qualités. Franchement, je ne le dis pas pour faire de la publicité. Je pense que ce sont des gens qui ont besoin de travailler comme j’ai besoin de travailler, moi aussi. Et si on leur donne des clés d’interprétation, une envie et une stimulation - je pense que le plus grand rôle d’un directeur musical est de donner aux gens l’envie de faire des choses et de s’investir dans leur travail - ils trouvent aussi des clés pour être à la hauteur de ce qu’ils doivent faire. Et je pense que nous avons dans les quatre solistes qui chanteront à ces concerts, de très bons interprètes. Chacun a ses qualités comme ses défauts, mais je pense qu’on peut être fier d’avoir ici des interprètes de cette qualité. Il faut qu’on travaille, c’ est tout. »