Comment les Tchèques ont célébré le 1er mai
Les célébrations du 1er mai, en République tchèque, ont attiré dans les rues et sur les places publiques des manifestants d'orientations diverses et aussi des nostalgiques du régime communiste.
Les sociaux-démocrates, les communistes, les néonazis, mais aussi des participants à des happenings se sont donnés rendez-vous, sous le soleil éclatant de ce 1er mai, à de nombreux endroits de la République tchèque. Tandis que la social-démocratie a profité de ces meetings pour lancer une campagne pour notre adhésion à l'Union européenne, le parti communiste a cherché à mettre ses sympathisants en garde contre l'Union et s'est attaqué au gouvernement tchèque en condamnant son attitude vis-à-vis de la guerre en Irak. A Prague, sur l'esplanade de Letna, endroit qui avait vu, sous le communisme, d'immenses défilés du 1er mai, les nostalgiques du passé totalitaire s'en sont pris à un groupe de trouble-fête, venus pour leurs rappeler les crimes commis sous l'arbitraire communiste en Tchécoslovaquie. Un défilé du 1er mai a été ressuscité par des organisateurs d'un happening dans la commune de Svetla, en Bohême du nord. Quelque cinq mille personnes complices ont participé au défilé, porté des pancartes, crié des slogans et chanté des chansons sur la construction du socialisme. Au milieu des rires on a brûlé symboliquement la figurine de Lénine. Comme d'habitude, les anarchistes se sont mis en marche dans les rues de Prague et se sont vus attaqués par des skinheads. Le conflit n'a pas fait de grands dégâts, car la police veillait et a réussi à séparer à temps les parties belligérantes. Pour compléter ce bilan, il ne faut pas oublier un autre défilé, celui-ci tout à fait spontané. Dans la soirée du 1er mai, on voyait d'innombrables couples de jeunes se diriger vers le parc de Petrin, à Prague, où se trouve la statue de Karel Hynek Macha, poète et patron des amoureux. Les allées sombres, les lilas en fleur, les parfums qui flottaient dans l'air, servaient de décors à ce pèlerinage nocturne. On s'embrassait sous les cerisiers fleuris, on se perdait dans les profondeurs du parc. La magie de la nuit printanière a vite fait oublier les disputes de la journée. On n'aurait pas été surpris de voir une anarchiste embrasser un skinhead. La politique cédait place à une passion plus intime.