Covid-19 : des crématoriums surchargés en République tchèque

Le crématorium d’Ostrava, photo: Site officiel du crématorium d’Ostrava

Le pays est confronté en ce début d’années à un nombre accru de décès à cause du coronavirus et les autorités ont dû prendre des mesures pour permettre aux crématoriums de faire face.

Le crématorium d’Ostrava,  photo: Michaela Danelová,  ČRo

Avec plus de 1600 morts liées au Covid-19 depuis le début de l’année selon les statistiques officielles, la République tchèque est l’un des pays qui paie le plus lourd tribut en ce moment.

Les chiffres sont heureusement à la baisse pour le début de cette semaine, mais dans certaines régions, il est encore problématique pour les crématoriums de faire en sorte que tous les cadavres puissent être incinérés.

Le gouvernement tchèque a donc dû prendre des dispositions extraordinaires, à commencer par l’interdiction d’incinérer des personnes décédées à l’étranger, ou plus exactement l’interdiction de faire incinérer ici des ressortissants de l’étranger. Jan Hamáček, ministre tchèque de l’Intérieur :

Jan Hamáček,  photo: ČTK/Kateřina Šulová

« Des personnes décédées d’Allemagne et d’Autriche sont incinérées en République tchèque, il s’agit d’un ‘business transfrontalier’ pour le dire simplement. »

Il y a donc depuis ce mardi un moratoire sur ce business transfrontalier d’un type bien particulier déjà évoqué sur notre antenne il y a près d’une dizaine d’années. Un entrepreneur allemand avait expliqué son ‘business model’ :

« Notre inspiration, c’est Aldi, qui fait du discount alimentaire dans presque toute l’Europe. Nous avons voulu essayer de voir si le concept pouvait marcher aussi dans cette branche. Cela fonctionne bien, et avec la crise on a plus de clients. J’achète les cercueils en grande quantité à l’Est où les salaires sont moins élevés et la crémation en République tchèque permet d’avoir des prix défiant toute concurrence. »

Klára Dostálová,  photo: Archives du Gouvernement tchèque

L’interdiction de faire incinérer des cadavres en provenance de l’étranger a été décrétée jusqu’au 22 janvier. Autre mesure prise par les autorités tchèques pour augmenter la capacité des crématoriums : la levée des limites d’émissions de dioxyde de carbone qu’ils doivent respecter en temps normal. Klára Dostálová est la ministre du développement régional :

« Il y a en République tchèque environ 6000 cimetières et 27 crématoriums. Le problème est que la répartition de ces crématoriums diffère selon les régions et qu’il y en a moins en Moravie. »

Il y a quelques jours, une soixantaine de cadavres ont déjà dû être transférés du crématorium d’Ostrava vers celui d'une ville voisine. 700 cadavres en tout peuvent être incinérés dans le pays par jour en temps normal et selon l’agence ČTK les mesures gouvernementales visent à faire passer ce nombre à 800 dans les prochaines semaines.

Au pays du célèbre film intitulé L’incinérateur de cadavres, la crémation reste privilégiée ; le nombre d’enterrements en temps normal n’est que d’une trentaine par jours.