Presse : il y a 5 ans, la pandémie de Covid-19

Cette nouvelle revue de presse propose quelques observations liées à la pandémie de Covid-19, qui s’est imposée il y a cinq ans. Les Tchèques sont-ils plus sceptiques que les autres Européens ? Autres sujets traités : les établissements de restauration en manque de clients, une nouvelle approche eu égard au viol et à la violence domestique, ainsi que la tradition des arbres de Noël.

L’hebdomadaire Respekt revient sur les années Covid qui, comme l’explique un de ses chroniqueurs, « représentent une période que nous préférons en Tchéquie éviter » :
« On estime en général que les mesures anti-épidémiques prises dans le pays ont été pour la plupart inutiles, chaotiques, excessives, et qu’elles ont porté atteinte à la santé mentale des enfants tchèques, car ils ne pouvaient pas aller pendant un certain temps à l’école.

Photo illustrative: vperemencom,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED

C’est en partie vrai. Les mesures, telles que l’obligation de porter des masques ou de soumettre les élèves à des tests dans les écoles, ont souvent été introduites tardivement par le gouvernement, adoucies par rapport aux recommandations scientifiques ou carrément ignorées. Le confinement qui s’en est suivi, dévastateur pour l’économie et le psychisme de la population, a alors pris un temps inutilement long. »

Le chroniqueur rapporte qu’en raison de cette approche laxiste, la Tchéquie fait partie des pays avec le nombre le plus élevé de décès liés au Covid-19. S’y ajoutent la faible volonté de la société de respecter les mesures ordonnées, ainsi que le fait que la parole ait été souvent donnée dans les médias aux experts qui ne parlaient pas d’une seule voix.

Photo: Juan Pablo Bertazza,  Radio Prague Int.

Or, « notre mémoire doit inclure non seulement les écoles, les magasins et les restaurants fermés, mais aussi les sirènes des ambulances, les personnes mourant seules dans les unités de soins intensifs, ou la forêt de croix blanches sur la place de la Vieille Ville à Prague, commémorant les dizaines de milliers de personnes décédées au cours de la seule première année de l’épidémie », écrit-il avant de conclure :

« D’un point de vue global, la lutte contre la pandémie de Covid-19 peut être perçue comme un grand succès. Les vaccins innovants développés initialement contre le cancer ou l’ébola ont été en un laps de temps extrêmement court ‘modifiés’ de façon à servir contre le nouveau coronavirus. L’humanité a dominé la crise, même au prix de grands sacrifices. »

Le scepticisme en version tchèque

Le dernier sondage d’opinion de l’agence Eurobaromètre a confirmé la tendance à une pensée négativiste et sceptique des Tchèques. Le quotidien Hospodářské noviny en donne quelques exemples :

« La coalition gouvernementale a deux thèmes principaux : mettre en garde contre le retour au pouvoir d’Andrej Babiš, chef du mouvement ANO, et souligner ses propres actions sur la scène internationale. En ce qui concerne ce dernier point, il s’agit principalement de l’aide apportée à l’Ukraine, y compris la fourniture d’armes lourdes. Cependant, les Tchèques ne semblent pas s’en soucier vraiment, du moins par rapport à ce que pensent les citoyens d’autres pays membres. Seuls 41 % d’entre eux saluent que l’UE finance la fourniture d’armes aux Ukrainiens, comparé aux 58 % des Européens qui la soutiennent. Il y a donc lieu de se demander comment cette question retentira à l’automne avant les législatives tchèques. »

Le chroniqueur du quotidien économique estime que les Tchèques sont en quelque sorte habitués à être contre tout et tout le monde :

Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« En effet, notre sentiment d’appartenance à la communauté au sein de laquelle nous vivons, à notre propre pays et, bien sûr, à l’UE est moins prononcé qu’ailleurs. Tandis que 51 % des citoyens des pays membres font confiance à l’Union européenne, ce chiffre se situe chez nous autour de 43 % seulement. Mais les Tchèques font également très peu confiance à leur propre gouvernement et à leur parlement, les données réunies à ce propos étant nettement inférieures à la moyenne européenne. Le fait que ces dernières années n’ont certainement pas été faciles pour la Tchéquie, car l’inflation y a été parmi les plus élevées et la relance économique après la pandémie de Covid-19 parmi les plus lentes, ne l’explique qu’en partie. »

L'auteur de l'article avertit que l’opposition, tant parlementaire qu’extraparlementaire, profite de ce scepticisme traditionnel de la population en misant sur un discours destructeur selon lequel tout va mal dans le pays.

Les établissements de restauration tchèques en manque de clients

« L’époque où les pubs, les restaurants et les bars du pays débordaient de clients et où leur fréquentation était une habitude pour les couches les plus larges de la population appartient apparemment au passé. » Tel est le constat fait par le magazine Reflex qui indique :

Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« Assez paradoxalement, la baisse des ventes dans la restauration se produit à un moment où les revenus réels augmentent à nouveau pour la plupart des habitants tchèques, où les prix de la plupart des denrées alimentaires se sont tant bien que mal stabilisés et où les ventes au détail ont augmenté pour le quatrième mois consécutif. Cela veut dire que les gens ont de l’argent, ils en dépensent, mais ils considèrent la fréquentation des restaurants et des pubs comme un événement assez exceptionnel. Très souvent, s’ils y vont, ils limitent leurs dépenses, ils n’y passent pas beaucoup de temps et se contentent d’y boire une bière. »

Selon Reflex, cette situation serait due en grande mesure à ces établissements eux-mêmes. Beaucoup, comme il l’écrit, ont fortement augmenté leurs prix après la fin de la pandémie pour compenser leurs pertes, une chose à laquelle la majorité des gens a été tolérante à l’époque. « Mais elle ne l’est plus aujourd’hui, où ce renchérissement n’a de cesse de se poursuivre », explique-t-il.

Pour moins de tolérance à l’égard des cas de viol et de violence domestique

Selon le département gouvernemental de l’égalité des sexes, les cas de viol et de violence domestique signalés ont augmenté cette année. D’après le site Aktualne.cz, il s’agit pourtant de sujets souvent tabouisés dont on ne parle pas assez en Tchéquie :

« Les choses dans ce domaine ne s’améliorent que lentement. On peut estimer que le nombre de cas signalés n’est pas très révélateur, car leur écrasante majorité est tenue secrète. On évalue que moins de 10 % des femmes, des hommes et des enfants qui sont violés se rendent à la police », indique-t-il avant de rapporter :

« Au printemps, le Parlement a adopté un amendement que de nombreuses femmes, hommes et organisations réclamaient depuis longtemps et qui modifie la définition du viol dans le code pénal. Jusqu’à présent, celui-ci était considéré comme un rapport sexuel forcé et imposé. À partir de janvier 2025, comme tel sera défini un acte sexuel non consenti. »

« Pourquoi cette modification a pris tant de temps ? », s’interroge le publiciste du site. La réponse, pour lui, semble liée au fait que les Tchèques tolèrent davantage la violence à l’égard des femmes que ceux des autres États membres de l’UE. C’est d’ailleurs ce que le dernier sondage d’Eurobaromètre a également confirmé.

100 ans depuis l’illumination d’un premier arbre de Noël dans une ville

Au moment où des sapins de Noël ont été ou sont illuminés dans les villes à travers la Tchéquie, le journal Deník N rappelle que le 13 décembre, 100 ans se seront écoulés depuis l’installation et l’illumination, sur une place de la ville de Brno, d’un premier sapin de Noël, appelé pour l’occasion Arbre de Noël de la république :

« L’événement s’est déroulé à l’initiative de l’écrivain et journaliste Rudolf Těsnohlídek. L’impulsion lui a été donnée par la découverte d’une fillette transie de froid de dix-sept mois, Liduška, dans une forêt près de Bílovice nad Svitavou, à laquelle ce dernier a consacré un article intitulé Bethléem de nos jours pour le journal Lidové noviny. L’installation de l’arbre de Noël a été alors accompagnée d’une collecte pour les orphelins et les enfants pauvres. »

Le journal raconte que l’histoire dramatique du XXᵉ siècle a progressivement transformé le rôle du sapin de Noël dans l’espace public. Il en a disparu pendant l’occupation nazie et, à quelques exceptions près, durant le régime communiste, pour y revenir après novembre 1989. Aujourd’hui, d’après ce qu’il indique, il a perdu beaucoup de sa mission initiale représentant plus une décoration pour le marché commercial qui l’entoure qu’un appel à l’appartenance humaine, à la solidarité et à l’aide aux nécessiteux.