Covid-19 : le médicament Ivermectine acheté par la République tchèque mais toujours contesté
10 000 boîtes du médicament Ivermectine ont été achetées par les autorités tchèques pour soigner des patients très malades à cause du Covid-19. Mais même si sa distribution est tolérée, l’Ivermectine n’est pas officiellement enregistrée comme médicament et le ministre tchèque de la Santé indique qu’il n’en prendrait pas personnellement.
L’achat de 10 000 boîtes d’Ivermectine a été annoncé fièrement la semaine dernière par le Premier ministre tchèque, qui a tweeté une photo d’un des cartons importés de Bulgarie pour la somme de 15 millions de couronnes. Ce dimanche, Andrej Babiš est revenu sur le sujet dans sa vidéo hebdomadaire postée sur les réseaux sociaux :
« Personne dans le monde n’a prouvé que l’Ivermectine ne fonctionnait pas. Il y a un tas d’informations sur son utilisation, au Pérou, en Argentine, au Paraguay, en Inde, etc. Je ne veux pas m’étendre sur l’étude et ce qui se dit. Je dis juste que nous avons ce médicament qui est très peu cher, dont les retours sont positifs, utilisé dans le monde et sans effets secondaires connus, alors pourquoi ne pas l’autoriser en soins ambulatoires ? »
Comme le FDA américain, l’institution sanitaire nationale en charge de l’enregistrement des médicaments, SÚKL, n’a pas validé l’Ivermectine en Tchéquie mais elle n’interdit pas son utilisation par le médecin en chef du CHU Sainte Anne de Brno, Michal Rezek, qui l’utilise déjà depuis le mois de novembre :
« Nous l’avons utilisé seulement dans le cadre de traitements réalisés avec plusieurs autres médicaments, donc ce n’est pas comme si nous avions utilisé seulement l’Ivermectine et nous ne pouvons pas dire qu’il s’agit d’un médicament miracle. Chez nous les résultats ne sont pas assez probants pour nous convaincre de n’utiliser que ce médicament. »
L’Ivermectine est un médicament à l’origine utilisé pour traiter des parasites, notamment la gale. Son utilisation pour lutter contre le coronavirus fait l’objet d’études mais les données manquent encore selon les scientifiques. Cela n’empêche pas les débats et controverses, ainsi que les théories complotistes sur les réseaux sociaux et dans les recoins les plus douteux du web.
Pour le ministre tchèque de la Santé, Jan Blatný, il est important de respecter le processus scientifique normal de validation d’un médicament, ce qui n’a pas été encore fait pour l’Ivermectine, utilisée de façon expérimentale :
« Il est important de dire que contre le coronavirus, ce médicament est utilisé à doses beaucoup plus importantes que son utilisation originelle contre les maladies parasitaires, et peut entrainer des complications au niveau du foie et des reins. Donc, comme tout médicament expérimental il faut contrôler et encadrer son utilisation et ce n’est en aucun cas un médicament qui devrait être prescrit à tout le monde. »
« Personnellement, je ne prendrais pas d’Ivermectine », a ajouté le ministre.
En tout cas, l’Ivermectine a un avantage certain – surtout à la radio – sur les autres médicaments qui ont suscité débats et controverses depuis le début de la pandémie : ce n’est pas un virelangue, contrairement à l'hydroxychloroquine ou au bamlanivimab.