CPE et UE : Prague au centre de l’attention à mi-parcours de la présidence tchèque

Château de Prague

44 chefs d’Etat et de gouvernement, des centaines de journalistes et deux sommets en deux jours : programme chargé en cette fin de semaine dans la capitale tchèque.

Ces deux sommets ont beau être « informels », celui de la Communauté Politique Européenne (CPE) et celui de l’Union européenne (UE) vont focaliser l’attention jeudi et vendredi dans la capitale tchèque. Deux rendez-vous très importants pour la présidence tchèque du Conseil de l’UE, qui en est à mi-parcours avant de passer le relais à la Suède fin décembre. Eliška Tomalová dirige le département d'Etudes européennes de l'Université Charles de Prague. Elle a répondu aux questions de RPI.

Peut-on dresser un bilan provisoire de cette présidence tchèque de l’UE ?

Eliška Tomalová | Photo: Département d'Etudes européennes de l'Université Charles

Eliška Tomalová : « Le contexte est toujours difficile et fortement marqué par l’agression russe en Ukraine et la crise énergétique, mais je dirais que la présidence tchèque se passe plutôt bien jusqu’à présent, à plusieurs niveaux. On va voir comment vont se passer ces deux sommets en cette fin de semaine. »

Que citeriez-vous comme faits marquants de cette présidence tchèque ?

« Je dirais qu’au niveau administratif on voit que la Tchéquie, dont c’est la deuxième présidence, est déjà bien implantée avec une présidence qui fonctionne bien. Au niveau national, il y a eu une petite crise quand l’opposition a essayé de déstabiliser le gouvernement, mais contrairement à 2009 cela n’a pas marché. La présidence est stable.

On voit aussi très bien qu’il y a une forte coopération européenne sur les grands sujets comme l’énergie et l’aide apportée à l’Ukraine. Cela a une valeur politique et symbolique et les Tchèques ont réussi à mener un dialogue dans lesquels sont écoutés les petits pays comme les grands, ceux de l’Ouest comme ceux de l’Est, du Centre et du Sud. Il y a encore un sujet qui était important qu’on peut citer comme succès de la présidence tchèque : le Digital Act (la régulation d’Internet). »

Y a-t-il des domaines dans lesquels la présidence tchèque est moins en réussite selon vous ?

« Il y a des dossiers très sensibles dont on ne voit pas souvent le succès à court-terme – c’est le cas de l’état de la démocratie en Europe. On regrette les compromis à faire. Sur le dossier de la situation des institutions démocratiques en Pologne et Hongrie, on voit que la réussite n’est pas là et que la problématique va se poursuivre au-delà de la présidence tchèque. »

« M. Zeman n’est plus une figure importante, ni sur la scène politique tchèque ni sur la scène européenne »

A ce propos, le président tchèque M. Zeman va recevoir le Premier ministre hongrois Viktor Orban – l’occasion d’un bouquet final pour le chef de l’Etat (dont le deuxième et dernier mandat prend fin dans quelques mois) ?

Miloš Zeman | Photo: René Volfík,  ČRo

« M. Zeman n’est plus une figure importante, ni sur la scène politique tchèque ni sur la scène européenne. Bien sûr il fera tout pour être vu, mais à mon avis cela n’a pas grande importance aux niveaux politique et symbolique. Je regrette que certains politiciens tchèques se montrent avec V. Orban et font ainsi la publicité d’un régime qui n’est pas tellement démocratique.

Parallèlement, il y a plusieurs rencontres informelles importantes qui sont prévues, avec notamment la présence à Prague du président turc, qui doit peut-être rencontrer notamment le Premier ministre arménien. Avec aussi la cheffe du gouvernement britannique, qui se montre assez sceptique vis-à-vis de la CPE. Il y aura tout un réseau informel mobilisé à cette occasion et c’est aussi pour ça que ces deux jours à Prague sont très importants pour l’Europe et pas seulement pour l’UE. »

CPE : « Il y a beaucoup d’attentes, beaucoup de scepticisme »

La première présidence tchèque de l’UE en 2009 avait notamment été marquée par le discours du président Barack Obama – très symbolique mais dont il reste peu de choses aujourd’hui. Le projet de CPE a été initié par le président français E. Macron. De quelle manière a-t-il été ‘imposé’ aux Tchèques ? La Tchéquie est-elle partie prenante dans ce projet ?

« Il y a beaucoup d’attentes, beaucoup de scepticisme. C’est vrai que l’idée est venue d’E. Macron, puis bien accueillie par Charles Michel. Du côté tchèque il y a une bonne volonté de mener le dialogue mais aussi un souhait de ne pas substituer cette CPE au processus d’élargissement, de peut-être ne pas en faire une institution formelle et rester dans un dialogue informel – l’important est de bien définir ce qu’on attend de cette CPE dans le futur. C’est une plateforme informelle de dialogue assez fragile au vu de sa composition, avec des pays qui visent l’adhésion à l’UE et d’autres plus éloignés, et à mon avis cela ne va pas aboutir à la création d’une institution formelle lors de ce sommet de Prague. »

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