Czech Global : une plateforme pour connecter les Tchèques de l’étranger
Offrir aux plus de 2 millions de Tchèques vivant à l’étranger une plateforme commune pour se rencontrer, recréer des liens avec leur pays d’origine, mettre sur pied de nouveaux projets : c’est l’objectif du ministère des Affaires étrangères tchèque qui a récemment lancé un « hackaton » afin d’imaginer à quoi cette plateforme pourrait ressembler afin qu’elle corresponde aux besoins de ces expatriés. Pour parler de ce futur réseau appelé Czech Global, RPI a interrogé Jiří Krátký, chargé des affaires de la communauté des expatriés au ministère des Affaires étrangères :
« Cela se veut être un réseau social, pas exactement Facebook, mais quelque chose qui serve à connecter les Tchèques qui sont un peu dispersés, éparpillés dans le monde. Le but est de leur offrir une certaine base pour échanger leurs expériences, où ils peuvent se concentrer sur les domaines dans lesquels ils sont actifs au niveau professionnel, mais pas seulement. »
Comment est né ce projet ? On imagine que les Tchèques de l’étranger ont déjà l’habitude de se retrouver, de communiquer via des réseaux sociaux comme Facebook justement, en quoi est-ce que Czech Global doit être différent des autres réseaux sociaux ?
« Les Tchèques sont habitués à communiquer via des réseaux sociaux mais Facebook est pour certains trop général, pour d’autres c’est un réseau plutôt régional. Par exemple, il y a des plateformes locales pour les Tchèques à Hong Kong, à Vancouver, à Chicago, mais assez souvent, ça ne vous mène pas à trouver les réponses à toutes vos questions. Czech Global se veut être complémentaire de Facebook, ça se concentre sur la communauté tchèque et c’est mieux ciblé sur les intérêts particuliers de chacun. »
Les Tchèques de l’étranger sont en effet éparpillés dans le monde. Dans quelle mesure leurs compétences et leur valeur ajoutée grâce à leur expérience à l’étranger, sont un atout pour la Tchéquie ? Et est-ce que ce potentiel est utilisé ?
« On est loin de cela. C’est exactement la raison pour laquelle on cherche un instrument comme Czech Global. Je pense que la société tchèque reste coincée dans le narratif d’avant 1989, c’est-à-dire que les gens qui sont partis, ceux qui sont restés, sont comme des nations complètement différentes. On ne les voit pas, ou on les voit comme une moitié complémentaire de la population tchèque qui habite en Tchéquie. Ce sont des porteurs de nouvelles connaissances, d’autres émotions. Ce sont des gens comme nous, mais ils ont une expérience un peu différente, une connaissance différente de la nôtre. Ils sont porteurs d’innovations, de nouvelles choses qu’ils ont vues dans le monde. On ne se rend pas assez compte de la qualité et de la valeur de ce capital humain. »
La récente crise sanitaire a montré que la solidarité et l’entraide étaient des choses essentielles, à fortiori quand on est expatrié. Est-ce que cette plateforme peut servir de lieu de rencontre et de partage en cas de coups durs, ou a-t-elle juste une visée professionnelle ?
« La crise sanitaire a montré quelque chose de nouveau. Elle a été un facteur accélérateur d’un autre projet auquel on a réfléchi il y a longtemps. Pendant la crise, on a vu émerger de nouveaux visages parmi les Tchèques à l’étranger. Ce qui était étonnant, c’est que les gens ont voulu offrir quelque chose à la République tchèque plutôt que de demander. Cette plateforme en est à sa première étape qui est de définir les nécessités des Tchèques de l’étranger. Pour cela, on a besoin de la coopération des destinataires, qui sont soit des professionnels, des entrepreneurs ou des innovateurs. Il faut nous aider car l’appropriation de ce projet, c’est la question clé. »
Fin juin, vous avez lancé un hackathon pour la mise en œuvre de cette plateforme. Quel en est le principe et qu’est-ce que vous en attendez ? Et selon vous, le lancement est-il une question de semaines, de mois ?
« Je crois que ce sera un peu plus long. On ne sait pas exactement où on va arriver à la fin du chemin. Il faut d’abord définir l’intérêt premier des gens. Pour cela, on a opté pour cette méthode moderne. On a annoncé ce projet le 29 juin et ce procédé va durer plusieurs mois. A la fin du mois d’août, on aimerait bien avoir une première version pour essayer de faire une démo. Après, avec des contacts, avec des potentiels utilisateurs, on va essayer d’équilibrer ce projet au fur et à mesure, pour répondre aux besoins des gens. Lorsqu’on trouvera que cet instrument fonctionnera bien, qu’il répondra aux questions, et qu’il y aura un intérêt à le réutiliser, on pourra l’amplifier avec d’autres groupes, afin de créer une plateforme générale, qui j’espère bien, pourra reconnecter la nation que je sens toujours divisée. »