Des chercheurs tchèques développent des masques en nanofibres biodégradables
Des chercheurs de l’université de Liberec, dans le nord de la Bohême, travaillent actuellement sur le développement de masques en nanofibres biodégradables, alors que ces équipements de protection, autrefois réservés à certaines professions, font désormais partie de notre quotidien et donc, de nos déchets. L’idée est de créer une alternative écologique aux masques faits à base de plastique.
La pandémie de Covid-19 a généré une production massive de masques et respirateurs à usage unique qui finissent au mieux dans des poubelles, donc à terme dans des décharges où il leur faudra des siècles pour se décomposer, au pire dans la nature, impactant gravement les écosystèmes. Les masques à usage unique de couleur bleue sont fabriqués en polypropylène : jetés par terre, ou éliminés de façon incorrecte, ils restent jusqu’à 450 ans dans la nature où ils se fractionnent progressivement en microplastiques, comme le dénoncent de nombreuses organisations de défense de l’environnement comme Greenpeace.
Dans un laboratoire de l’Université technique de Liberec, des chercheurs travaillent sur un prototype de masques à base de nanofibres compostables, comme l’a décrit Jakub Erben, au micro de la Radio tchèque :
« Notre machine permet actuellement de produire des nanofibres, via le dispositif de filage connu sous le nom de ‘nanospider’. Cette technologie a été créée sur la base d’un brevet que nous avons développé ici, au département des textiles non-tissés et de matériaux en nanofibres. Nous en sommes à la phase semi-expérimentale. Ces nanofibres sont fabriquées à partir d’acide polylactique. »
Comme l’expliquent les chercheurs, c’est précisément grâce à cet acide polylactique que le matériel fabriqué peut représenter une alternative plus respectueuse de l’environnement que les masques classiques. Petr Louda, directeur du département « matériaux » de la Faculté de mécanique :
« Contrairement aux polymères synthétiques, fabriqués via la transformation du pétrole, le polymère biodégradable a pour avantage de se décomposer beaucoup plus vite dans la nature. Cela permet de diminuer le risque de voir notre planète envahie par des masques usagés. »
C’est grâce à la médecine que l’idée de fabriquer des masques de ce type a vu le jour à Liberec : en effet, ces polymères synthétiques résorbables sont déjà utilisés de manière courante pour la production de fils de sutures par exemple.
Les chercheurs de l’université de Liberec bûchent sur ces masques biodégadables depuis un an. Actuellement, ils étudient le temps exact de décomposition du matériau utilisé, car comme l’explique Petr Louda, l’environnement est important pour accélérer le processus de résorbation de l’acide polylactique : la quantité de radiations émises par le soleil, l’humidité et l’action des micro-organismes, tout cela compte dans le processus. Un masque fabriqué à partir de ces nanofibres qui se retrouve à l’ombre dans un sous-bois ou sous une pierre mettra beaucoup plus de temps à disparaître :
« Idéalement, ce masque est à jeter dans un compost et ensuite, il faut attendre que le processus biologique naturel se charge du reste. Nous n’avons pas encore pu mesurer le temps exact de décomposition, mais alors que les polymères synthétiques mettent des dizaines, voire des centaines d’années à se résorber, nous tablons sur une année pour voir nos masques disparaître totalement. »
Le prototype de masques compostables a déjà un investisseur prêt à financer leur production plus massive, de même que celle de combinaisons protectrices à usage unique à destination du personnel médical. L’inconvénient, comme bien souvent, reste le coût car ces matériaux sont généralement deux à trois fois plus chers que les plastiques traditionnels.
Pour Jiří Chvojka, directeur du département des textiles non-tissés, la question du prix pourra toutefois être réglée à terme en fonction de la demande : « plus la demande en matériaux biodégradables sera grande, plus ils seront produits et plus leur prix sera à la baisse, » souligne-t-il. Et cette demande en matériaux alternatifs pourrait en effet croître face à la multiplication d’images saisissantes de plages envahies de plastiques.