Des milliers de Tchécoslovaques ont péri dans le goulag

Los gulags soviéticos
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La notion de « goulag », dénomination des camps soviétiques, est devenue notoirement connue grâce à la parution du célèbre ouvrage d'Alexander Soljenitcyne, « Archipel du goulag », au début des années 1970. Depuis, les connaissances sur ce chapitre des plus sinistres de l'existence de l'empire soviétique se sont considérablement élargies, grâce aussi au livre Goulag, de la plume de l'auteur américaine, Anne Applebaum, qui vient de sortir en version tchèque.

Sauf leurs témoins, on ne saura pourtant jamais imaginer toute l'ampleur de l'atrocité ni le malheur des camps. Probablement jamais, on ne saura non plus quel était le véritable nombre et quels étaient les destins des Tchécoslovaques qui s'y sont retrouvés, aux côtés des millions d'autres victimes de l'arbitraire communiste. De rares documents d'archives russes, des fragments d'histoires individuelles, quelques rescapés qui vivent encore ; c'est tout ce qui en reste, aujourd'hui.

Selon le magazine Tyden, le nombre de personnes déportées de l'ancienne Tchécoslovaquie dans des camps staliniens est évalué à trente-sept mille. Les citoyens tchécoslovaques y venaient en plusieurs étapes, et pour des motifs différents.

Avant la Deuxième Guerre mondiale, il s'agissait de Tchèques de gauche, pas forcément de communistes, attirés néanmoins par les idées communistes et qui sont partis vers l'Union soviétiques pour s'engager dans des brigades.

On suppose, qu'à la même époque, un grand nombre de Tchèques habitant la région de Volynie, en Crimée, où une importante communauté tchèque s'était installée au XIXe siècle, ont été envoyés au goulag.

En 1939, après l'occupation de la Tchécoslovaquie, quelques cinq cents personnes ont émigré en URSS pour fuir le nazisme et pour y chercher un asile politique.

Inconnu demeure le sort d'un millier de Juifs et demi d'Ostrava qui se sont sauvés d'un camp nazi pour fuir à l'Est. Tout ce que l'on sait, c'est qu'à la frontière, ils étaient arrêtés par des officiers du NKVD. On peut supposer qu'ils ont été acheminés par la suite, à leur tour, vers des camps.

Vingt mille habitants de l'ancienne Russie subcarpatique qui faisait, jusqu'à 1945, partie de la République tchécoslovaque, l'ont quittée dès son occupation, par les Hongrois pour l'Union soviétique, en vue de rejoindre les légions tchécoslovaques.

Immédiatement après la fin de la guerre, les agents soviétiques ont emmené dans les goulags une partie des immigrés russes qui, après la révolution bolchevique de 1917, avaient fui la Russie et s'étaient fixés en Tchécoslovaquie.

La plupart des prisonniers tchécoslovaques du goulag n'en sont pas revenus. Seul un heureux concours de circonstances a permis à certains d'entre eux de survivre. Certains ont été fusillés, d'autres mourraient d'épuisement, de mauvaise alimentation, de conditions climatiques rudes ou lors des transports. Aujourd'hui, les témoins se font rares.

« Un très petit groupe de rescapés des camps soviétiques seulement vit encore. Ils ont tous plus de 80 ans. Ils préfèrent vivre à l'écart, dans des conditions très modestes », peut-on lire dans Tyden.

Dans les camps du goulag, la mort était omniprésente. Antonin Popovic, ancien habitant de la Russie subcarpatique, évoque les souvenirs du camp de Pleseck, dans la région d'Archangelsk, en Russie du nord, dans lequel il a été déporté. Selon son témoignage, les conditions y étaient pires qu'aux temps de la famine, au Moyen Age.

« En 1942, je construisais un chemin de fer. En été, ça allait encore, on pouvait cueillir les myrtilles et les gratte-culs que l'on trouvait un peu partout. Mais en hiver, c'était l'enfer. Avec la première neige, tous les fruits avaient disparu, les températures descendaient jusqu'à moins 50 degrés. Les rations quotidiennes de pain étaient totalement insuffisantes. A chaque manquement à la discipline, on risquait d'être fusillé... Mais j'ai eu une grande chance. C'était la guerre et on cherchait des volontaires. Ainsi j'ai pu rejoindre l'armée du général Svoboda et rentrer plus tard avec elle, dans le pays ».

Antonin Popovic, 81 ans, qui vit aujourd'hui à Slany, petite ville de la Bohême centrale se déclare être en très bonne forme physique et psychique.