Élections européennes : des Tchèques encore peu intéressés mais davantage susceptibles d’aller voter
Selon une enquête Eurobaromètre publiée ce mercredi 17 avril, les Tchèques se distinguent d’abord par leur intérêt certes croissant mais encore très relatif pour les élections européennes, tandis que la sécurité et l’indépendance énergétique de l’UE apparaissent comme leurs principales préoccupations, très loin devant le changement climatique.
Ce ne sera pas encore une ruée vers les bureaux de vote, néanmoins tout laisse à penser que la participation des Tchèques aux prochaines élections européennes, les 7 et 8 juin en République tchèque, devrait être supérieure à celle des précédentes en 2014 et 2019, quand les taux, de l’ordre respectivement de 18 % et 28 %, avaient été parmi les plus faibles de toute l’Union européenne.
Ainsi, selon la dernière édition de l’Eurobaromètre, l’enquête officielle du Parlement qui a recueilli les opinions de plus de 26 000 personnes dans les 27 États membres et dont les résultats ont été publiés ce mercredi 17 avril, soit donc à un peu moins de deux mois de l’échéance, 38 % des Tchèques se disent « intéressés » par le scrutin qui désignera les vingt-et-un prochains représentants de la République tchèque au Parlement européen pour la période 2024-2029 (contre 60 % pour l’ensemble des Vingt-sept). Bien qu’il s’agisse là d’une hausse notable de 22 points par rapport à 2019, cet intérêt même croissant n’en demeure pas moins le plus faible parmi tous les États membres.
Plus réjouissant, en revanche, est le fait que 58 % des personnes interrogées déclarent qu’il est « probable » qu’elles iraient voter si les élections devaient se tenir la semaine prochaine. Autant de bonnes intentions qu’il convient bien évidemment de considérer avec des pincettes, néanmoins, en 2019, seulement 30 % avaient répondu par l’affirmative à la même question. C’est donc 28 points de mieux qu’il y a cinq ans, et ne serait-ce que de ce point de vue, même si ce taux de probabilité de vote reste encore très éloigné de ceux affichés par des pays presque modèles comme le Danemark (87 %), les Pays-Bas (86 %), la Suède (81 %) ou encore l’Allemagne (78 %), c’est avec un certain optimisme que ces élections peuvent être envisagées en République tchèque.
Quelles sont les priorités des électeurs tchèques à la veille de ces élections ?
Très clairement, deux grandes priorités se détachent, très probablement en raison de l’évolution du contexte géopolitique depuis le début de la guerre en Ukraine et la proximité avec celle-ci : la défense et la sécurité de l’UE et l’autonomie de celle-ci dans les domaines de l’industrie et de l’énergie. Deux questions qui préoccupent respectivement 45 % et 40 % des Tchèques, alors qu’à l’échelle de l’ensemble des citoyens européens, ce sont la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (33 %), la santé publique (32 %) ou encore le soutien à l’économie et à la création de nouveaux emplois (31 %), ainsi que la sécurité (31 % aussi) qui apparaissent comme les quatre principales priorités.
Autre constat marquant, mais pas tout à fait étonnant : les questions environnementales n’intéressent que très peu les Tchèques. Alors que la lutte contre le changement climatique apparaît comme « un thème qui devrait être traité en priorité lors de la campagne électorale » pour 27 % des Européens, un chiffre qui en fait même la cinquième priorité la plus importante derrrière les quatre citées ci-dessus, seulement 10 % des Tchèques partagent ce point de vue. L’avenir de l’Europe (35 %) ou la migration et l’asile (33 %) les préoccupent bien davantage.
Le contexte international actuel rend-il le vote de cette année plus important aux yeux des Tchèques que lors des élections européennes précédentes ?
Ici aussi, l’état imprévisible des affaires mondiales semble peser lourdement sur la conscience des électeurs, puisque 77 % des Tchèques ont répondu « oui » à cette question, un chiffre sensiblement identique à celui qui s’affiche pour l’ensemble des citoyens européens (81 %). Roberta Metsola, la présidente du Parlement, a d’ailleurs réagi à la lecture de ces chiffres en notant que ceux-ci montrent que « les Européens sont conscients des enjeux dans les urnes », à savoir notamment la direction que prendra l’UE.
Pour autant, seule une minorité de Tchèques (32 %) souhaitent « voir le Parlement européen jouer un rôle plus important ». C’est peu par rapport aux 56 % de réponses positives enregistrées pour les Vingt-sept, mais cela correspond à l’idée que se font les Tchèques du Parlement européen : seulement 28 % affirment avoir une « opinion positive » de l’institution. C’est moins que le camp des « négatifs » (29 %), tandis que les avis neutres (42 %) sont majoritaires.
Plus généralement, quelle image ont les Tchèques de l’UE ? Et quelle perception ont-ils de son rôle ?
Là non plus, les partisans de l’UE n’ont probablement pas dû sauter au plafond en voyant les résultats à ces deux questions. Comme les Français ou les Autrichiens, les Tchèques sont en effet plus nombreux que la moyenne européenne à avoir une « image négative » de l’UE. 32 % n’en pensent rien de bon, soit 17 points de plus que pour l’ensemble des Vingt-sept. Et si 35 % restent neutres et n’ont pas d’avis particulier sur la question, une position qui trahit toutefois aussi une certaine indifférence, seulement 33 % en ont une « image positive » et 25 % estiment que « le rôle de l’UE dans le monde ces dernières années » est devenu « plus important », alors que 30 % pensent le contraire.
Alors, que faire pour améliorer à l’avenir la perception qu’ont les Tchèques de l’UE ?
Aux yeux des Tchèques, dès lors qu’on leur demande d’envisager l’avenir, la défense et la sécurité en premier lieu (48 %), les questions énergétiques, l’indépendance énergétique, les ressources et les infrastructures en deuxième (44 %), et la compétitivité, l’économie et l’industrie en troisième, sont les trois « aspects auxquels l’UE devrait accorder la priorité pour consolider sa position dans le monde ».
Mais la conclusion plus générale de cet énième Eurobaromètre est aussi que les Tchèques sont partagés entre deux sentiments : le réalisme et un optimisme très mesuré. Ainsi donc, et alors que le 1er mai sera célébré le vingtième anniversaire de leur adhésion, si 72 % des Tchèques estiment que « les actions de l’UE ont un impact sur leur vie quotidienne » et 68 % que leur pays « a bénéficié de son appartenance à l’UE », seulement 52 % se disent « très optimistes » ou « plutôt optimistes » « concernant le futur de l’UE » et 39 % expriment une inquiétude quant à l’évolution de leur niveau de vie, persuadés que celui-ci va baisser dans les cinq prochaines années.