En Israël, le ministre des Affaires étrangères prépare le terrain avant la visite de Miloš Zeman fin novembre
Le ministre des Affaires étrangères Tomáš Petříček était en Israël ces mardi et mercredi. Sa première visite officielle hors de l’Union européenne, le nouveau chef de la diplomatie tchèque l’a réservée à un pays dont la République tchèque est l’allié traditionnel.
Cela n’a pas empêché le tout nouveau ministre des Affaires étrangères tchèque de profiter de sa visite en Israël pour vanter la traditionnelle excellence des relations entre les deux pays, à tous les niveaux. Celles-ci remontent aussi loin que la Première République tchécoslovaque, dont le premier président, Tomáš G. Masaryk était proche du mouvement sioniste et fut le premier homme d’Etat à visiter un kibboutz en 1920.
Plus tard, les relations entre la Tchécoslovaquie communiste et l’Etat hébreu ont été interrompues entre 1967 et 1990, suite à la guerre des Six-Jours qui a abouti entre autres à l’annexion de Jérusalem-Est par l’armée israélienne. Auparavant, la Tchécoslovaquie communiste avait toutefois été un des premiers Etats à reconnaître Israël et avait même fourni le nouvel Etat en matériel militaire et en armes. La proximité de l’Etat hébreu avec les Etats-Unis et la guerre des Six-Jours ont mis un coup d’arrêt à cette relation.
Les relations diplomatiques entre les deux pays ont été rétablies suite à la révolution de velours et depuis, Israël a trouvé en la République tchèque un allié indéfectible. Pour preuve, le 27 novembre prochain, le président Miloš Zeman y effectuera une visite officielle, d’où la présence de Tomáš Petříček sur place, deux semaines avant. Le chef de la diplomatie tchèque a visité la Maison tchèque à Jérusalem, un centre culturel, dont l’inauguration prochaine fait suite à celle, récente, d’un consulat honoraire dans la ville sainte.Après la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël, en décembre 2017, le ministère des Affaires étrangères tchèque avait publié un communiqué dans lequel il indiquait reconnaître lui aussi « dans les faits » la ville sainte comme la capitale de l’Etat hébreu mais uniquement dans sa partie occidentale, s’alignant ainsi sur la position des autres pays membres de l’Union européenne. Cette position officielle de la diplomatie tchèque est toutefois quelque peu affaiblie par les déclarations récurrentes du chef de l’Etat tchèque qui, lui, souhaite le transfert de l’ambassade tchèque à Jérusalem. Pour lui, l’ouverture de la Maison tchèque est un premier pas dans ce sens.
De ces questions, il n’en a pas été question, du moins pas officiellement. Avec le ministre israélien de la Coopération régionale Tzachi Hanegbi, le chef de la diplomatie tchèque a rappelé qu’Israël était le troisième marché de la République tchèque pour les exportations, hors Union européenne et que les échanges commerciaux entre les deux pays étaient en augmentation.
Tomáš Petříček n’a pas fait l’impasse sur la partie palestinienne. Lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères palestinien Riyal al-Maliki, il a rappelé que ces dernières années, la République tchèque était impliquée dans le secteur énergétique palestinien et qu’elle entendait continuer sur cette lancée. Il a insisté sur le fait que Prague entendait entretenir de bonnes relations tant avec Israël qu’avec la partie palestinienne.Une volonté d’équilibre que pourrait mettre à mal la visite du chef de la diplomatie tchèque au Mur des lamentations, haut lieu du judaïsme mais aussi au cœur des tensions israélo-palestiniennes. Cette visite a été vivement critiquée côté palestinien où on l’on estime que c’est le « devoir de tierces personnes de ne pas reconnaître une situation illégale et l’annexion illégale de Jérusalem par Israël ». Tomáš Petříček s’est pour sa part défendu en arguant qu’il s’agissait là d’une visite privée. Un distinguo subtil à l’heure de l’omniprésence des réseaux sociaux.