Est-ce la fin du communisme dans les boucheries ?
La viande serait-elle toujours, en République tchèque, sous le régime communiste ? C'est que, économie de marché ou pas, les bouchers ne se sont toujours pas décidés à indiquer au consommateur la qualité de la viande offerte. Mais les temps deviennent difficiles. Omar Mounir.
Aujourd'hui, en effet, au même prix, le client d'une boucherie pourrait parfaitement payer des viandes de différentes qualités. Le consommateur tchèque ne connaît toujours pas si la viande offerte provient d'un jeune veau ou d'une vieille vache, d'un mouton ou d'une brebis. Exactement comme au temps du communisme. Une époque où le consommateur n'avait pas droit à une telle information, et où, à la limite, il était heureux de trouver de la viande. De ce point de vue, tout se passe comme si les choses se seraient arrêtées, dans les boucheries, à la veille de novembre 1989, date de la Révolution de velours.
Les bouchers auraient, sans doute, continué à s'en accommoder si les ventes n'étaient en chute libre à cause de la vache folle. A chaque malheur quelque chose est bon, dit le proverbe. C'est alors que la solidarité d'intérêt s'est effilochée et que les langues se sont déliées, surtout que les étrangers, de plus en plus nombreux, s'étonnent. La crise aidant, des bouchers en sont à se demander si la classification des viandes n'aiderait pas à mieux vendre. D'autres estiment que l'offre des viandes dans le désordre, comme c'est actuellement le cas, est l'une des raisons de la mévente croissante. En fait, tout se passe comme si, la confusion ne permettant plus de faire les bénéfices copieux d'autrefois, on opte pour la transparence, soupçonnée d'être plus payante.
Cette nouvelle tendance ne fait cependant pas l'unanimité. Les partisans du rideau de fer rétorquent qu'au contraire la classification des viandes pourrait induire une augmentation des prix, et chasser beaucoup de consommateurs auxquels le flou actuel convient. Mais un supermarché occidental, qu'on dirait un trouble-fête, va plus loin encore. Il se propose d'indiquer tous les paramètres de la viande, depuis la ferme de provenance, jusqu'à l'étalage du boucher. C'est la fameuse traçabilité. Le mot est enfin lâché en Tchéquie. Il était temps.