La République tchèque fête sa majorité dans l’UE

Il y a 18 ans, le premier mai avait été marqué non seulement par la fête du Travail, mais aussi par l’entrée de la République tchèque dans l’Union européenne. Alors que le pays s’apprête à prendre sa deuxième présidence tournante de l’UE, quelles sont les priorités du gouvernement Fiala, et comment les Tchèques voient-ils la place de leur pays parmi les vingt-sept ?

Comme l’a rappelé le Premier ministre Petr Fiala sur Twitter à l’occasion de la date anniversaire, c’est le 1er mai 2004 que la République tchèque est devenue membre de l’Union européenne, et ce en même temps que neuf autres pays, et après un référendum qui avait recueilli 77,3 % de voix favorables. Outre la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux découlant de cette adhésion, la République tchèque est ensuite entrée dans l’espace Schengen en  décembre 2007, ce qui a donc sonné la fin des contrôles aux frontières nationales.

La République tchèque avait déposé sa demande d’adhésion à l’UE en 1996, par l’intermédiaire de celui qui était alors Premier ministre, Václav Klaus. Les négociations ont commencé en mars 1998, et c’est finalement le 16 avril 2003 à Athènes que Klaus – devenu entre-temps président de la République – et son premier ministre Vladimír Špidla ont signé le traité d’adhésion.

Václav Klaus et Vladimír Špidla ont signé le traité d’adhésion le 16 avril 2003 à Athènes | Photo: Conseil de l'UE

Avec le recul, le nom de Václav Klaus associé à cette volonté européenne de la République tchèque peut surprendre ; pourtant, dès 2004, il avait mis en garde contre les attentes « exagérées » suscitées par cette adhésion, qu’il avait toutefois saluée. Depuis, l’ancien Premier ministre et président de la République s’est affirmé en tant que critique de l’intégration européenne et du fonctionnement de l’UE, qu’il a même, dans un ouvrage publié en 2013, qualifiée de « antidémocratique ». Pourtant, Václav Klaus se défend d’être eurosceptique et se dit plutôt « euroréaliste ».

Euroscepticisme ou euroréalisme ?

Quant à la société tchèque, son opinion sur l’appartenance du pays à l’Union européenne a elle aussi évolué depuis 2004 : ainsi, fin 2020, une enquête menée par l’agence STEM révélait que 56 % des Tchèques voteraient en faveur d’une nouvelle adhésion de leur pays à l’UE. Si ce chiffre était loin des 77,3 % du référendum qui avait précédé l’adhésion, il n’en était pas moins – toujours selon la STEM – un record depuis 2010.

Source: Hurca,  Pixabay,  Pixabay License

Plus récemment, une enquête de la STEM publiée en novembre 2021 montrait que seuls 48 % des Tchèques étaient satisfaits de l’appartenance de leur pays à l’UE. De plus, sur les quelque 1000 personnes interrogées, environ un tiers seulement étaient au courant de la prochaine présidence tchèque de l’UE, et près de deux tiers pensait que la République tchèque ne serait pas en mesure de faire usage de son rôle à la présidence tournante de l’UE.

Ukraine et situation énergétique au programme de la présidence

En effet, à compter du 1er juillet, la République tchèque assurera sa deuxième présidence du Conseil de l’Union européenne, et le Premier ministre Petr Fiala a expliqué que la priorité serait donnée à la gestion des conséquences de l’agression russe en Ukraine, mais aussi à la crise énergétique – de façon à ce que l’Union européenne « s’affranchisse au plus vite des combustibles fossiles russes ».

Petr Fiala | Photo: Petr Sznapka,  ČTK

Pour conclure sa courte allocution sur les réseaux sociaux, Petr Fiala s’est dit « fier que la voix de la République tchèque – qui défend les principes de liberté, de démocratie et de dignité de vie – se fasse entendre en Europe ». Selon lui, la présidence tchèque permettra de « faire la promotion de nombreuses choses importantes non seulement pour [la République tchèque], mais également pour [les] voisins européens ».

A voir s’il parviendra à convaincre les Tchèques, car si l’on en croit l’enquête d’opinion de novembre 2021 précédemment citée – dont il faut toutefois rappeler qu’elle était fortement corrélée à la confiance dans le gouvernement précédent – 61 % des personnes interrogées estimaient que leur gouvernement n’était pas en mesure de prendre de décisions sur les questions clés de l’UE.