Fondée à Prague, une ONG espagnole apporte des robots médicaux en Ukraine
Javier Fernández est l'un des co-fondateurs de Help to Ukraine, la plus grande ONG espagnole dédiée à l'aide aux réfugiés et aux victimes de la guerre en Ukraine. Résident à Prague, il a commencé par aider les ressortissants espagnols à quitter l’Ukraine envahie fin février 2022 puis il a rencontré Carlos Fernández, avec lequel il s’occupe désormais d’acheminer des robots médicaux dans des zones où la population ukrainienne est restée sans soins de santé.
« Nous nous sommes rendu compte qu'il y avait un grand besoin, notamment pour le système de santé ukrainien, qui était déjà assez détérioré avant le COVID. Plus tard, nous avons réalisé qu'il n'y avait pas de médecins de famille parce qu'ils étaient tous allés aider au front. Nous avons donc contacté une société espagnole appelée Homedoctor, qui dispose de ces robots médicalisés, qui font un premier examen de la personne à son domicile ou dans un centre pouvant être installé dans les zones les plus reculées d'Ukraine. Pour cela, nous avons introduit des véhicules 4x4, afin que nos bénévoles puissent faire ce travail. Ils visitent les gens chez eux, ils font ce premier examen avec un médecin ukrainien, qui était initialement en Espagne, car il y a une grande communauté de médecins ukrainiens en Espagne. C'est leur façon de collaborer, car ils ne facturaient pas ces rendez-vous, mais ils aidaient leur pays. Ainsi, nous avons soulagé le ministère ukrainien de la Santé d'un grand nombre de problèmes. »
Combien de volontaires avez-vous en Ukraine ?
« À l'heure actuelle, nous avons enregistré 80 volontaires en Ukraine et 20 en Espagne. Mais nous sommes une très petite ONG, nous n'avons pas de salaires, nous avons tous nos emplois ailleurs. Nous prenons du temps loin de nos familles pour le faire, mais bon, nous pensons que c'est la bonne chose à faire en ce moment. »
Et comment le gouvernement ukrainien collabore-t-il avec vous ?
« Carlos Fernández avait auparavant des contacts en Ukraine en raison de son travail, le gouvernement ukrainien nous a donc contactés directement. Nous avons des contacts très étroits, tant avec la vice-ministre de la Santé, Mariia Karchevych, qu'avec le ministre Viktor Liashko, que nous allons visiter le 23 février, car nous y serons et nous avons une réunion avec eux pour essayer de développer ce projet, pour arriver, si nous pouvons, aux 2000 robots, qui nous ont été demandés. J’ai expliqué que c'était un chiffre un peu fantaisiste. Il m'a dit que cela pourrait être dans les deux à cinq prochaines années. Même si la guerre est terminée, et espérons-le dès que possible, ils continueront à être utilisés en Ukraine pendant probablement les 5 à 10 prochaines années. »
Combien de personnes peuvent être diagnostiquées ou auscultées chaque jour avec chaque robot ?
« Plus ou moins 60 personnes par jour par robot selon nos calculs. Cela veut dire qu'en un mois nous avons fait plus de 2000 visites, c'est beaucoup si on y pense. Les examens sont effectués en ligne avec un médecin de Kiev, d'Espagne ou de tout autre endroit de l'Union européenne, où nous avons également des médecins ukrainiens attachés à ce programme. Ils peuvent consulter à tout moment, y compris la nuit, lorsque les médecins terminent leur travail habituel, par exemple dans un hôpital à Bruxelles. »
Comment ces projets sont-ils financés ?
« Tout d'abord par les familles et les amis, espérons-le toujours amis à la fin de la guerre. Et maintenant, nous cherchons des moyens de financement à la fois avec la mairie de Madrid, et en nous associant à certaines des grandes ONG : Médecins sans frontières, Médecins du monde, UNHCR, UNICEF et la Croix-Rouge. Ce que nous voulons faire, c'est un projet commun. »