« Je suis venue à Prague par amour de la ville »
Céline Fetel est une jeune écrivaine, originaire d’Alsace mais installée à Prague depuis cet été. Elle a déjà publié deux tomes de sa saga ‘Maanald’ aux éditions Le Lys Bleu et ne compte pas s’arrêter là. De passage dans les locaux de Radio Prague Int., elle nous explique les raisons de son expatriation et son parcours professionnel :
« C’est un peu particulier car vu que mon compagnon est tchèque, on pourrait croire que je l’ai suivi, mais ce n’est pas le cas. On vivait déjà ensemble en France. Je suis venue à Prague par amour de la ville et nous avons eu des opportunités pour venir vivre ici. J’étais déjà amoureuse de la ville car je l’avais visitée plusieurs fois. C’est un petit peu moi qui l’ai poussé à déménager quand nous avons su que nous pourrions avoir une situation stable ici. De par mon activité professionnelle, je n’ai aucune restriction de déplacement. Mon compagnon travaille dans l’informatique et c’est un domaine qui recrute beaucoup ici. Je ne sais pas trop combien de temps nous allons rester ici. Nous sommes partis pour quelques années, potentiellement 5-6 ans. Peut-être plus mais sûrement pas moins. »
Qu’est-ce qui a été le plus dur dans votre expatriation ?
« L’apprentissage de la langue n’est pas évident, je suis encore en train de suivre des cours car je n’ai pas encore un très bon niveau. Je suis aussi arrivée en pleine période de Covid et en étant enceinte, donc ce n’était pas le moment le plus simple pour faire toutes les démarches et trouver des médecins. Finalement, nous nous en sommes bien sortis. »
Une fois arrivée à Prague, avez-vous réussi à rencontrer du monde ?
« Oui, il y a pas mal de groupes sur Facebook pour cela, donc c’est assez sympathique. Je n’ai pas rencontré particulièrement d’expatriés français mais plutôt des personnes d’autres nationalités, comme une Mexicaine qui a vécu en France et qui souhaite continuer à pratiquer son français. J’ai rencontré principalement des anglophones. J’aime beaucoup le côté multiculturel de Prague et la possibilité de rencontrer pas seulement des Tchèques mais aussi des gens venus des quatre coins du monde. »
La pandémie a–t-elle joué un rôle dans votre expatriation ?
« Oui, elle l’a clairement décalée. Nous voulions d’abord déménager en janvier ou février, mais la période était assez compliquée et les embauches étaient gelées donc mon compagnon n’avait pas de perspectives d’emploi ici avant plusieurs mois. Finalement, nous sommes arrivés début juillet. Les solutions proposées pour voyager nous ont beaucoup aidés car une fois vaccinés, nous avons eu notre passe sanitaire et les ressortissants tchèques avaient de toute façon le droit de rentrer dans leur pays. »
Avez-vous remarqué des différences culturelles entre la France et la Tchéquie qui vous ont frappées dans la vie quotidienne ?
« Oui, concernant les transports en commun par exemple. Je trouve que les gens y sont beaucoup plus aimables, c’est très simple de se déplacer dans Prague car la ville est très bien desservie. C’est assez différent de la France où les gens se bousculent et ne se regardent pas. Globalement, c’est une capitale paisible. J’étais déjà venue visiter à des périodes très touristiques, mais je trouve qu’il y a beaucoup moins d’agitation et les gens sont plus calmes. »
Avez-vous déjà visité d’autres villes en République tchèque et quelles ont été vos impressions sur le pays en-dehors de sa capitale ?
« Pour l’instant, j’ai visité uniquement Český Krumlov et les environs de Prague. Je n’ai donc pas pu voir davantage le pays, à la déception de mon compagnon. Ce n’est quand même pas très différent de ma région natale, l’Alsace. L’atmosphère est assez semblable. Il y a beaucoup plus de différence avec le sud de la France par exemple. L’Alsace est très influencée par les pays germaniques d’Europe de l’Est et d’Europe Centrale. Les paysages sont ruraux donc je ne me sens pas dépaysée. J’aime bien ce côté plus petit et moins urbain comparé à la France. »
Vous êtes autrice et vous avez déjà publié deux tomes d’une saga. L’écriture est-elle une passion pour vous ?
« Oui, j’ai d’abord plongé dans la lecture. J’ai même essayé d’apprendre à lire avant l’âge habituel. Dès que j’ai su lire, j’ai directement voulu écrire moi aussi des histoires donc j’écrivais des petits textes sans importance, en voulant copier des livres que j’avais lus. Mais cette envie est restée au fil des années. Pour mon premier tome, je ne suis pas partie en me disant que j’allais le publier mais plutôt en ayant envie d’écrire une histoire. J’avais une idée qui me plaisait donc je me suis lancée à dix-sept ans. J’ai mis quatre ans à écrire ce premier roman. Quand je l’ai fini, après l’avoir corrigé et relu, quelques personnes m’ont conseillé d’essayer de le publier. Tout cela est donc arrivé un peu par hasard, je n’avais pas pour projet de devenir écrivain mais j’avais envie de partager ce que j’avais écrit. Une fois le premier tome publié, j’ai commencé à écrire le deuxième un an plus tard et il été publié fin janvier 2021. »
Vous comptez publier un troisième livre prochainement ?
« Pas tout de suite. Mais je vais probablement écrire de nouveau dans le même univers, car je l’ai déjà pas mal développé mais j’ai envie d’approfondir d’autres aspects et d’autres personnages. J’ai d’autres travaux en cours, soit commencés, soit à l’étape d’idées dans un carnet. Mon travail d’autrice n’est donc pas terminé. »
Votre expatriation peut-elle être une source d’inspiration pour une prochaine histoire ?
« Totalement. Un des projets que j’ai commencé se passe en partie à Prague. J’aime beaucoup utiliser des lieux que je connais. Leur description est beaucoup plus vivante et réaliste qu’en cherchant des images sur Google Maps. Ce projet de romance commence donc à Prague. »
Connaissez-vous bien la littérature tchèque et avez-vous peur d’avoir des difficultés à être publiée ici puisque vous écrivez en français ?
« J’ai fait une licence de lettres modernes et j’avais commencé un master que je n’ai pas terminé mais au cours duquel je me suis intéressée à la littérature tchèque. On ne la connaît pas du tout en France et même les autres étudiants de ma promotion n’en avaient presque jamais entendu parler. J’ai trouvé un seul livre en français faisant un historique de la littérature tchèque, c’est assez surprenant. J’écris personnellement dans le domaine de la fantasy et l’imaginaire et j’étais assez surprise de l’historique de la République tchèque dans ce domaine, comme avec Karel Čapek et le mot ‘robot’ qui vient de la langue tchèque. J’aimerais encore approfondir mes connaissances sur la littérature tchèque. Par rapport à l’édition, je peux publier à distance en France donc ce n’est pas un problème pour moi. Je ne me suis pas encore renseignée pour publier en République tchèque car la traduction demande beaucoup de moyens. J’aimerais bien publier au moins en anglais, ce serait intéressant. La famille de mon compagnon attend impatiemment que mes livres soient traduits en tchèque ! »
Vous êtes arrivée à Prague en étant enceinte. Avez-vous observé des différences entre le système de santé tchèque et le système français ?
« Passer d’un médecin français à un médecin tchèque n’a pas été trop compliqué. Il faut évidemment réunir et transmettre tous les documents du dossier médical, cela peut parfois être un peu dur. Il y a des différences dans le système de santé. Je trouve que la République tchèque est plus organisée dans le suivi de la grossesse car ici, nous avons un livret qui contient toutes les informations et que chaque spécialiste, même un dentiste par exemple, peut regarder et compléter. En France, les spécialistes ne communiquent pas entre eux et il faut faire de nouveaux examens à chaque fois. J’ai donc été agréablement surprise en arrivant à Prague. La seule difficulté était d’obtenir ce livret au début, mais c’est ensuite rassurant d’avoir toutes ces informations au même endroit, au cas où il m’arriverait quelque chose. »