La bataille de Crécy

Bataille de Crécy

Le 26 août, nous avons commémoré le 656e anniversaire de la bataille de Crécy, lors de laquelle le roi de Bohême, Jean de Luxembourg, a trouvé la mort. Les festivités, organisées chaque année ce jour-ci, nous rappellent non seulement le commencement du conflit entre la France et l'Angleterre qui est entré dans l'histoire comme la Guerre de cent ans, mais aussi le destin de ceux qui y ont lutté et sacrifié leurs vies.

Bataille de Crécy
Le 26 août, nous avons commémoré le 656e anniversaire de la bataille de Crécy, lors de laquelle le roi de Bohême, Jean de Luxembourg, a trouvé la mort. Les festivités, organisées chaque année ce jour-ci, nous rappellent non seulement le commencement du conflit entre la France et l'Angleterre qui est entré dans l'histoire comme la Guerre de cent ans, mais aussi le destin de ceux qui y ont lutté et sacrifié leurs vies. Parmi ceux-ci, le roi tchèque, Jean de Luxembourg, dont la lutte pour les couleurs françaises témoigne des relations amicales qui règnent, depuis, entre la France et la Bohême. Voici le portrait de cet homme et ces derniers moments sur le champ de bataille français.

Jean de Luxembourg
Jean de Luxembourg accède au trône tchèque en 1310 grâce à son mariage avec la dernière descendante de la famille royale des Premyslides, Elise. Les premières années de son règne sont marquées par une lutte difficile pour la consolidation du pouvoir royal. En effet, les seigneurs tchèques, qui avaient renforcé leur position politique et économique lors du règne des prédécesseurs de Jean de Luxembourg, n'ont pas voulu renoncer à leurs privilèges et ont fait tout pour empêcher le retour du système où le roi est tout puissant. Le peuple tchèque, lui non plus, n'avait pas de sympathie pour le roi qui chargeait le pays de nombreux impôts, et pour lequel la Bohême n'était qu'une source financière bonne à payer ses expéditions de guerre en Italie, en Allemagne et en France. Du point de vue du peuple tchèque, ces expéditions de guerre n'avaient pas de sens. Néanmoins, c'est grâce à elles et aux négociations diplomatiques, que Jean de Luxembourg menait avec des puissances occidentales, que le royaume de Bohême a rétabli sa renommée dans les milieux politiques de la cour pontificale et auprès du roi romain et français. Grâce, justement au roi Jean de Luxembourg, les pays tchèques en ont fini avec leur isolement pour entrer dans la conscience de toute l'Europe féodale d'alors. La politique étrangère de Jean de Luxembourg, si peu comprise à l'époque, était sans doute une politique moderne et dynamique. Par lui, et notamment par son fils Charles IV les cultures française et italienne arrivent en Bohême, tout en évitant dorénavant l'intermédiaire allemand. On doit à Jean de Luxembourg, aussi, l'amélioration des relations avec la France, sa fidélité à ce pays s'étant inscrite dans l'histoire des bonnes relations amicales tchéco-françaises.

Mariage de Jean de Luxembourg avec Elise
En plein été de l'année 1346, le roi d'Angleterre Edouard III se dirige, avec son armée, vers Paris, pour régler ses comptes avec le roi de France Philippe VI. Se sentant menacé, ce dernier appelle au secours toutes les dynasties royales amies parmi lesquelles, bien évidemment, les Luxembourg. Jean de Luxembourg et son fils Charles IV n'hésitent pas et se mettent en route, sans tarder. Edouard a peur de la supériorité numérique de son adversaire et décide donc de se retirer. Malheureusement, Jean de Luxembourg et ses 500 hommes interviennent, déclenchant ainsi la première bataille de la Guerre de cent ans, la bataille de Crécy, livrée le 26 août 1346. Lorsque le roi, qui luttait dans l'arrière-garde, avait appris que la bataille prenait une mauvaise tournure, il ordonna à ses compagnons de guerre de le conduire directement dans la mêlée sanglante. D'après le chroniqueur Jean Froissart, il aurait dit littéralement à ses hommes: „Seigneurs, aujourd'hui, vous êtes tous mes amis et frères en arme, c'est pourquoi je vous demande, car je suis aveugle, de me conduire dans le vacarme de la bataille, de façon que l'ennemi soit à la portée de mon épée", fin de citation. Les seigneurs tchèques demandaient au roi de sauver sa vie, mais ce dernier refusa prononçant les mots célèbres: "Dieu ne verra jamais un roi tchèque fuir le champ de bataille". Deux chevaliers prirent donc le roi aveugle entre eux, attachèrent son cheval aux leurs, et entrèrent dans les rangs de l'ennemi. L'épée à la main, Jean de Luxembourg se battait courageusement, mais après avoir reçu plusieurs coups d'épée mortels, il tomba de son cheval parmi ses compagnons morts ou blessés. La nuit venue, les Anglais trouvèrent le roi tchèque parmi les cadavres de ses seigneurs. Il respirait encore. Le roi Edouard III d'Angleterre le fit emmener dans sa tente où Jean de Luxembourg est mort quelques heures plus tard. „On fut témoin de la mort du fer de lance de la chevalerie", dit à cette occasion le roi vainqueur. Le roi d'Angleterre remit la dépouille de Jean de Luxembourg à son fils Charles IV qui, lui aussi, fut blessé lors de la bataille de Crécy et se soignait de ses blessures dans l'abbaye d'Ourschamps. Le fils transporta le corps de son père au Luxembourg, car ce dernier avait désiré être enterré dans l'abbaye des bénédictins d'Altmünster.

Rendons-nous encore sur le champ de bataille. Selon les chroniques, Jean fut arraché de son cheval et sur ce lieu un tailleur de pierre inconnu a érigé une croix de marne, au XIVe siècle, qui y est jusqu'à nos jours et que l'on appelle la Croix de Bohême. Celle-ci se trouve au milieu des champs, sans que l'on connaisse son auteur qui a voulu rendre ainsi hommage à l'un des plus grands chevaliers de l'époque. La croix a été reconstruite en 1904, mise sur un socle en style moderne et complétée par une plaque commémorative qui donne les informations essentielles sur cet événement historique.

Auteur: Astrid Hofmanová
lancer la lecture