La Cour suprême invalide la confiscation d’une forêt ayant appartenue à la famille Walderode

L’affaire de la restitution des biens de la famille Walderode en République tchèque a pris un nouveau départ. C’est en décidant de rendre à la famille un petit bout de forêt confisqué il y a un demi-siècle que la Cour suprême de Brno a ouvert la voie à la restitution des nombreux biens que les Walderode avaient possédés en Bohême. En même temps la Cour a lavé la famille des soupçons de collaboration avec l’occupant nazi.

La petite commune de Žďárek près de Turnov doit restituer à Johanna Kamerlander, veuve et héritière de Karel des Fours Walderode, une partie d’une forêt qui est actuellement en sa possession. Le verdict, qui peut faire jurisprudence, pourrait déclencher toute une série de restitutions des biens beaucoup plus importants qui appartiennent aujourd’hui à d’autres propriétaires et qui sont évalués à 120 millions de couronnes, quelque 5 millions d’euros. Ils ont été confisqués à Karel des Fours Walderode au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale conformément aux ‘décrets Beneš’ car le chef de la famille était accusé d’avoir collaboré avec les nazis. Il a également perdu pour un temps la nationalité tchécoslovaque. Selon le porte-parole de la Cour Suprême de Brno, Petr Knötig, ces accusations n’étaient pas fondées :

«En 1947 a été délivré à Karel des Fours Walderode le certificat sur le maintien de la citoyenneté tchécoslovaque. La Cour suprême dispose aussi de toute une série de preuves que la famille Walderode aidait pendant la guerre des employés tchèques de Zbrojovka, fabrique d’armes où l’on parlait exclusivement le tchèque. La famille Walderode a également caché aux nazis des armes au château de Hrubý Rohozec.»

L’incertitude plane sur les biens de la famille depuis 16 ans. Karel des Fours Walderode avait demandé la restitution dès 1992 et lorsqu’il est mort, dix ans plus tard, l’affaire était loin d’être terminée et il était toujours soupçonné de collaboration avec les Allemands. Petr Knötig explique les raisons de la décision de la Cour suprême de Brno:

Château de Hrubý Rohozec,  photo: CzechTourism
«Ce qui était décisif pour le verdict de la Cour suprême, c’étaient les preuves que la famille Walderode était loyale au peuple tchécoslovaque pendant l’occupation allemande. Cette décision servira aussi de guide à des tribunaux d’instances inférieures afin qu’ils décident dans les affaires analogues comme nous avons décidé.»

Sur la liste des biens que ce verdict rend restituables il y a trois domaines avec des châteaux - Hrubý Rohozec et Smržovka en Bohême et Dřínov en Moravie - des terres, des fermes, des forêts, des étangs et aussi une tuilerie. Pour les acquérir, Johanna Kamerlander a déjà porté 22 plaintes. Son procès peut influencer les résultats des affaires de restitution des familles Valdštejn et Aehrental ayant possédé, comme les Walderode, d’importants domaines dans la région de Turnov, en Bohême du nord.