La Tchéquie aussi touchée par la pénurie de médicaments
Tout comme ailleurs en Europe, les pharmacies tchèques font face à une pénurie de certains médicaments de base, comme les antibiotiques ou les médicaments contre la fièvre destinés aux enfants. Différentes raisons expliquent ces tensions sur la chaîne d’approvisionnement, mais ce phénomène déjà constaté depuis plusieurs mois ne semble pas prêt à se résorber.
La pénurie de certains médicaments touche l’ensemble du marché européen. En Tchéquie, sont concernés les collyres, les sirops antibiotiques et les suppositoires pour enfants contenant de l’ibuprofène. Autres produits absents des rayons des pharmacies, certains antiseptiques oculaires sous forme de gouttes ou de pommades, les relaxants musculaires, mais aussi les comprimés de pénicilline dont la livraison devrait reprendre la semaine prochaine, selon le ministère de la Santé. Pourquoi les antibiotiques et les médicaments contre la fièvre sont tout particulièrement touchés par cette pénurie ? Aleš Krebs, président de la Chambre tchèque des pharmaciens :
« Il y a différents facteurs en jeu. Ce peuvent être des raisons économiques, une question de prix, mais aussi parce que la production est concentrée dans deux ou trois usines dans le monde. Cette concentration signifie que le moindre problème de production, qui implique par exemple la liquidation totale d’un lot par exemple, entraîne une pénurie générale dans toute l’Europe. A partir du moment où il manque un médicament dans un groupe précis, vous avez un effet de domino : du coup, en raison d’une demande accrue, les médicaments de ce même groupe viennent à manquer aussi. »
De nombreux médicaments ou excipients étant produits en Chine et en Inde, il suffit qu’un port soit fermé dans un de ces pays pour que les médicaments viennent à manquer en Europe. La Chambre tchèque des pharmaciens insiste donc sur la nécessité d’assurer une meilleure souveraineté sanitaire et une autosuffisance européenne dans ce domaine.
En plus des raisons structurelles, les professionnels du secteur soulignent une raison beaucoup plus contextuelle : l’augmentation du coût de l’énergie et des transports découlant de la guerre en Ukraine avec une hausse des prix de produits comme l’aluminium, le carton, le verre, des matières indispensables au conditionnement du médicament.
Il existe actuellement plus de 10 000 références de médicaments en Tchéquie, et les pénuries n’en concernent que quelques dizaines. Pourtant pour le président de la Chambre tchèque des pharmaciens, ce ratio qui semble peu important à première vue n’est toutefois pas à prendre à la légère :
« Ce n’est pas un phénomène marginal, loin de là. Le nombre de ruptures de stock est clairement en augmentation. Mais surtout le vrai problème survient lorsque cela concerne un médicament qu’il est difficile de remplacer par un autre. Ce genre de pénurie conduit à ce que des patients peuvent être redirigés vers un tout autre traitement médicamenteux. Cela ne veut pas dire évidemment qu’ils ne sont pas pris en charge, pas soignés, mais cela signifie qu’ils ne peuvent pas bénéficier de produits qui pourraient leur être mieux adaptés. »
Autre phénomène touchant le secteur de la santé, déjà mis à l’épreuve par la pandémie de Covid-19, le nombre de pharmacies qui est en baisse dans le pays. En 2014, l’Institut national de contrôle des médicaments (SÚKL) dénombrait 2 601 pharmacies en Tchéquie, puis 2 476 en 2021. Comme dans d’autres pays, ce sont souvent les petites communes qui pâtissent en premier de cette lente disparition au profit d’implantations dans des zones plus lucratives.