La Tchéquie et le cinéma européen
Comment le cinéma européen est accueilli en République tchèque ? Dans quelle mesure les films européens sont capables de s'imposer dans les salles et de résister à la forte concurrence du cinéma américain ? Telles sont les questions que Vaclav Richter a posé à la journaliste, traductrice et cinéphile, Zdena Smidova.
"Je crois que la mondialisation et l'américanisation sont complètes ici, qu'on voit surtout des films américains, et ceux qui viennent de l'Europe sont très souvent d'une qualité médiocre, à part des films présentés à des festivals où l'on peut voir des films intéressants, mais aussi ennuyeux. Le choix me choque parce que les films présentés déçoivent très souvent les spectateurs."
Est-ce que le public tchèque a la possibilité de voir des films européens dans la distribution courante, non seulement à des festivals?
"Oui, mais ils sont peu nombreux. On voit parfois des films allemands comme "Good bye, Lenine", par exemple. Quant aux films français, ils sont très souvent sous-titrés et les sous-titres passent trop rapidement. Alors, quand on donne des comédies françaises, ce ne sont souvent que des francophones qui rient et les spectateurs tchèques restent sans sourire, parce que les jeux de mots ne sont pas bien traduits."
Croyez-vous que la production européenne trouverait ici beaucoup plus de spectateurs, si elle était tout simplement disponible et plus facilement accessible?
"Oui je le crois mais je crois aussi qu'en Europe, aujourd'hui, on confie souvent la réalisation des films à des gens qui ne sont pas assez doués, qui sont capables de trouver des moyens pour tourner des films, des metteurs en scène qui manquent de talent, mais qui sont très habiles à ramasser de l'argent. Alors, les films européens sont très souvent de mauvaise qualité."
Est-ce que la télévision est plus généreuse en ce qui concerne la présentation de la production européenne? Dispose-t-elle d'assez de moyens?
"Oui, c'est la télévision publique qui présente souvent des films de qualité, mais à des heures impossibles, à 23 heures, à 23 heures 55 minutes. Alors c'est pour les retraités, pour les chômeurs et peut-être pour les étudiants, mais pas pour les téléspectateurs qui vont au travail. Parce qu'ici les gens doivent se lever tôt."
Est-ce que nous devons nous protéger contre la production américaine par une directive sur les quotas pour promouvoir la création des oeuvres européennes?
"Oui, je le crois bien, c'est nécessaire, même si les Américains détestent cela. Jamais un producteur européen ne réunira assez d'argent pour faire une promotion comme celle dont jouissent les films américains."