La terre se vend bon marché en Tchéquie
Les défenseurs du Parc national de Sumava sonnent l'alarme: l'Etat y vend les terres pour un prix dérisoire. Les agriculteurs tchèques, eux, sont inquiets de la vente massive des terres agricoles aux étrangers. Plus de détails avec Jarka Gissubelova.
L'Etat vend pour une bouchée de pain la terre dans le Parc national du massif montagneux de la Sumava, au sud-ouest de la Bohême. Un mètre y coûte entre 1 et 3 couronnes, soit l'équivalent de 0,2 à 0,6 FF. L'entrée du pays dans l'Union européenne ferait augmenter la valeur de la terre de mille fois. Le porte-parole du Parc national de Sumava, les communes concernées, ainsi que le ministre de l'Environnement, Milos Kuzvart, protestent contre cette vente spéculative qui est sans précédent. Le parc est divisé en trois zones, la première étant la plus précieuse. La terre qui se vend actuellement se trouve dans la 3e zone. L'affaire pourrait être discutée bientôt en conseil ministériel. Le ministre de l'Environnement veut proposer l'arrêt de la vente des terres dans le Parc national protégé.
Un autre problème avec la terre a surgi dans des régions limitrophes. Des agriculteurs d'Europe occidentale, notamment d'Autriche et d'Allemagne, y achètent massivement les terres agricoles. Ce qui les attire, à part leur abondance et leur prix bon marché, c'est la possibilité d'obtenir les dotations des fonds de l'Union européenne pour les terres s'étendant jusqu'à 50 kilomètres de la frontière. Un hectare de terre agricole coûte environ 1500 euros. En Belgique, ce serait 25 000 euros, se félicite Johan Agneessens de Belgique, propriétaire d'environ 5 000 hectares de terre et d'une ferme en Bohême de l'ouest. En Moravie du sud, des centaines d'hectares sont cultivées par des fermiers autrichiens qui se consacrent presque exclusivement à l'agriculture écologique et biologique. Les données officielles sur le nombre d'agriculteurs étrangers manquent. La législation actuelle ne permet pas aux étrangers de posséder des terres dans le pays, mais elle ne leur interdit pas de les acheter par l'intermédiaire des firmes ou des citoyens tchèques. Les agriculteurs tchèques demandent la création de conditions égales pour tous. Ils considèrent comme discriminatoire que les agriculteurs étrangers bénéficient de dotations communautaires qui sont inaccessibles pour eux.