Le gouvernement Sobotka obtient la confiance des députés

Andrej Babiš, Bohuslav Sobotka, Pavel Bělobrádek, photo: ČTK

Le gouvernement de Bohuslav Sobotka, coalition constituée de son parti social-démocrate, du mouvement ANO et du parti chrétien-démocrate, a sans surprise obtenu la confiance de la Chambre des députés, où il dispose d’une majorité de 111 voix sur 200. Le vote n’a eu lieu que tard dans la soirée après presque douze heures de débats durant lesquelles a été détaillée la déclaration de politique générale du nouveau cabinet et marquées par l’intervention du chef de l’Etat Miloš Zeman.

Andrej Babiš,  Bohuslav Sobotka,  Pavel Bělobrádek,  photo: ČTK
110 députés présents de la majorité ont donné leur confiance à leur coalition gouvernementale et ont pu laisser éclater leur joie à l’issu de ce scrutin dont le résultat était connu à l’avance. 38 parlementaires de l’opposition des partis de droite TOP 09 et ODS ont voté contre et les communistes, au nombre de 33, se sont abstenus.

Le cabinet de Bohuslav Sobotka a désormais les mains libres pour appliquer le programme qu’il s’est attaché à présenter ce mardi. « Redonner aux citoyens confiance dans l’Etat et dans la démocratie », de grands mots qui cachent des mesures plus concrètes. Tout en maintenant le déficit sous la barre des 3% et en gelant les impôts au moins jusqu’en 2015, le gouvernement veut réorganiser les services de l’Etat, revenir sur la privatisation partielle du système de retraite, rehausser le niveau des pensions et du salaire minimum et supprimer certains frais de santé.

L’opposition crie évidemment au loup : Bohuslav Sobotka n’a, selon elle, pas les moyens de ses ambitions et son programme ne détaille pas comment celles-ci seront financées. Préoccupé par l’explosion de violence qui a secoué l’Ukraine toute la journée de ce mardi, le ministre des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek a toutefois répondu à ces critiques :

Lubomír Zaorálek,  photo: ČTK
« Nous nous trouvons dans une situation où prédire exactement les évolutions de l’économie est pratiquement impossible. En fait, je suis en accord avec la thèse développée par Monsieur Babiš et répétée par Bohuslav Sobotka lors de son intervention ce mardi. Nous ne pouvons pas demander davantage d’argent des citoyens si nous ne bouchons pas tout d’abord les trous. »

Pour « boucher les trous », le gouvernement souhaite par exemple améliorer le recouvrement de l’impôt, lutter contre la fraude à la TVA ou encore optimiser l’utilisation des fonds européens, un domaine dans lequel la République tchèque s’est négativement illustrée ces dernières années. Le chef de l’Etat Miloš Zeman, qui tenait à s’exprimer devant la nouvelle Chambre des députés à l’occasion de ce vote de confiance, a d’ailleurs fait remarqué, dans un discours long de plus d’une demi-heure, que si le ministre des Finances Andrej Babiš parvenait à trouver l’équilibre budgétaire permettant de concrétiser les promesses de ce gouvernement, alors il serait éligible au prix Nobel d’économie. Le président de la République en a profité pour présenter sa propre vision pour le pays. On l’écoute :

Miloš Zeman,  photo: ČTK
« Observons certains Etats européens bien particuliers et essayons de nous en inspirer, pour ne pas dire de les copier. Je suis persuadé qu’une vision de long terme n’est pas seulement une vision économique avec des orientations sociales et écologiques, ce que comprend le programme de l’actuel gouvernement, mais également une vision de l’Etat social […]. Il en existe différents types et nous devons nous demander lesquels sont couronnés de succès et lesquels ne le sont pas. A l’aune de données statistiques objectives, il apparaît que les pays qui ont le mieux résisté à la crise sont les pays scandinaves. »

Il n’est pas sûr que le modèle nordique, souvent vanté, corresponde à la vision du gouvernement Sobotka, un gouvernement qui n’est pas de gauche pour le milliardaire et ministre des Finances Andrej Babiš. Sans surprise, le leader communiste Vojtěch Filip souscrit à ces propos que conteste vigoureusement le député ODS Zbyněk Stanjura, lequel critique par exemple le projet de hausse du salaire minimal :

Zbyněk Stanjura,  photo: ČTK
« Je pense que ce type de recette est une erreur et cela va conduire à des destructions d’emplois. C’est sur ce genre de risques que l’opposition a voulu avertir ce mardi. »

Quelle que soit la dénomination politique de ce gouvernement, la question se pose à présent de sa longévité quand on sait que, depuis 2002, aucune équipe ministérielle n'a tenu les quatre années de son mandat.