Nomination du gouvernement : des questions toujours en suspens

Miloš Zeman, photo: CTK

Le chef de l’Etat Miloš Zeman fait durer le plaisir. Il souhaite nommer Bohuslav Sobotka (ČSSD) premier ministre le vendredi 17 janvier prochain et rencontrera ensuite les différents candidats aux postes ministériels. Miloš Zeman, qui prévoit d’assister au vote de confiance à la Chambre des députés, peut se prévaloir d’avoir battu le record de la durée la plus longue entre des élections législatives et la nomination d’un gouvernement par le président de la République.

Miloš Zeman,  photo: CTK
79 jours ont passé depuis le scrutin législatif remporté par les sociaux-démocrates d’une courte tête devant les représentants de l’Action des citoyens mécontents, et, en dépit de la réussite des négociations de ces deux formations et des chrétiens-démocrates pour former une coalition gouvernementale, le pays n’a toujours pas, ni de nouveau premier ministre, ni de nouveau gouvernement. Ce week-end toutefois, quelques jours après la signature de l’accord de coalition, le chef de l’Etat a finalement annoncé, d’une part que les objectifs de ce texte lui convenaient, mais surtout qu’il nommerait le leader social-démocrate Bohuslav Sobokta chef de gouvernement vendredi prochain.

L’histoire ne s’arrête cependant pas là car Miloš Zeman entend nommer le gouvernement seulement ensuite, après avoir discuté avec chacun des candidats aux différents portefeuilles ministériels, certains de ces candidats ne lui convenant pas. Il envisage ainsi toujours de ne pas nommer certaines personnalités, comme selon lui, la constitution le lui autorise. Dans un entretien pour la télévision tchèque, dimanche, il a précisé :

« Je considère qu’il est tout simplement prématuré d’annoncer ma décision finale avant même la tenue des rencontres avec les candidats aux postes ministériels. »

Milan Chovanec,  photo: CTK
Ses reproches s’adressent à nombre des candidats en lice, lesquels ont été dévoilés lundi dernier après la signature de l’accord de coalition, des reproches qui sont de différents ordres.

Ainsi pour le social-démocrate Milan Chovanec, qui brigue l’Intérieur, il met en doute les conditions d’acquisition de sa licence de droit, obtenue à la faculté de Plzeň en un temps record de neuf mois. Chez Jan Mládek, le candidat social-démocrate à l’Industrie, Miloš Zeman trouve à redire car il ne dispose pas du certificat de sécurité (bezpečností prověrka), nécessaire à l’examen de dossiers confidentiels. Enfin la troisième réserve du chef de l’Etat concerne la compétence de certains candidats pour prendre la tête de différents ministères. D’autres trouvent cependant grâce à ses yeux, tels que Svatopluk Němeček (ČSSD), qui devrait être chargé du ministère de la Santé ou Helena Válková (ANO), pressentie à la Justice.

Les partis de la coalition gouvernementale entendent pour leur part que tous les candidats qu’ils ont proposés soient nommés. Dans un sondage réalisé par l’agence Median pour la Télévision tchèque, les personnes interrogées soutiennent à une courte majorité cette position en souhaitant que Miloš Zeman valide ce gouvernement sans tarder et sans conditions. Le sociologue Daniel Prokop commente :

Bohuslav Sobotka,  photo: CTK
« L’opinion des électeurs de droite est que Miloš Zeman devrait nommer le gouvernement sans poser de conditions. Chez ces électeurs, la défiance à l’égard du chef de l’Etat et de son action pour consolider les prérogatives présidentielles est plus forte que l’éventuelle défiance à l’égard du gouvernement en formation. »

Cette volonté d’étendre le champ d’action du chef de l’Etat s’exprime par exemple à travers le désir de Miloš Zeman d’assister au vote de confiance du gouvernement de Bohuslav Sobotka à la Chambre basse du Parlement. Une session parlementaire qui devra avoir lieu sous trente jours après la nomination de la coalition gouvernementale.