Les musulmans protestent
Un projet de loi sur la liberté du culte et le statut des Eglises et communautés religieuses en République tchèque, approuvé mercredi par le gouvernement, améliore les conditions d'enregistrement de ces institutions. Astrid Hofmanova.
D'après ce projet, même les Eglises moins nombreuses auront la chance d'être enregistrées. Désormais, elles n'auront besoin que de 300 membres pour être enregistrées, au lieu de 10 000 signatures nécessaires auparavant. A cause de cette condition rigoureuse, en effet, les grandes Eglises institutionnalisées dans le monde entier, dont les musulmans, les bouddhistes ou les anglicans, n'avaient pas pu être enregistrées en République tchèque. Mais selon beaucoup, cette diminution du nombre de signatures reste l'un des rares avantages du projet. Ce sont surtout les musulmans qui protestent, considérant ce projet comme discriminatoire et qui risque de les ranger parmi les Eglises de second plan. Il ne leur plaît pas, par exemple, qu'ils soient obligés d'attendre dix ans pour pouvoir travailler dans l'armée, dans l'enseignement ou dans les prisons, célébrer les mariages, délivrer les actes de naissance ou avoir le droit à une subvention d'Etat. Tandis que les nouvelles conditions ne touchent point les vingt-et-une Eglises officiellement reconnues en République tchèque, certains craignent qu'elles n'ouvrent la porte à des sectes, dont en premier lieu les scientologues et moonistes qui avaient réclamé déjà leur enregistrement. Le ministère de la Culture, qui a élaboré ce projet de loi, refuse cette possibilité, car la loi interdit l'enregistrement des Eglises suspectes d'exercer une pression psychique sur leurs croyants ou dissimulant leurs doctrines.