"Les Physiciens" sur la scène à l'Opéra d'Etat

La première mondiale de l'opéra "Les Physiciens" d'Andreas Pflüger a eu lieu, jeudi, à l'Opéra d'Etat de Prague. Vaclav Richter était dans la salle.

Basée sur la célèbre pièce de théâtre du même nom de Friedrich Dürenmatt, l'oeuvre d'Andreas Pflüger se range dans la catégorie des opéras littéraires. Il s'agit donc d'un drame lyrique qui est non seulement basé sur une pièce de théâtre mais qui respecte plus au moins aussi la composition et le texte de la pièce. Le dramaturge suisse Friedrich Dürenmatt a écrit "Les Physiciens" au début des années soixante. Il a réagi par cette comédie pessimiste aux informations sur les abus des sciences modernes et de l'énergie nucléaire. Trois hommes vivent dans un asile des aliénés en Suisse dirigé par une vieille fille bossue, Mathilde von Zahnd, psychiatre et femme très riche. L'un se prend pour Einstein, l'autre pour Newton et le troisième, Johann Wilhelm Möbius, prétend communiquer avec l'âme du roi Salomon. Le spectateur apprend finalement que Möbius est en réalité un physicien génial qui n'est pas fou mais qui s'est réfugié dans l'asile car il ne veut pas donner ses inventions à la disposition de l'humanité. Il est convaincu que les hommes abuseraient du pouvoir que leur donneraient ses inventions ce qui provoquerait une catastrophe planétaire. Il brûle donc ses écrits sans se douter que son secret est trahi et que ses écrits ont été déjà recopiés par la directrice de l'asile, Mathilde von Zahnd. A la fin, il doit se rendre à l'évidence que le monde entier est mis à la merci de cette femme ambitieuse et folle. Le compositeur suisse, Andreas Pflüger, est l'auteur de plusieurs opéras, de ballets et de musiques de film. Il a conçu "Les Physiciens" comme une grande comédie lyrique et a marié un langage musical moderne avec les formes vocales classiques, airs, duos, trios, scènes d'ensemble etc. Bien que sa musique ne manque ni de beauté, ni d'esprit, elle n'arrive pas à suivre le nerf dramatique de la pièce de Dürenmatt. Vers la fin, l'opéra s'embourbe dans la grandiloquence soulignée encore par les effets scéniques spectaculaires. On finit par douter que le caractère absurde et comique de la pièce de Dürenmatt soit traduisible dans un langage musical. La mise en scène a été préparée par deux artistes autrichiens, le chef d'orchestre Richard Hein, et le metteur en scène Anton Nekovar, la scénographie a été réalisée par l'architecte Daniel Dvorak, directeur de l'Opéra d'Etat de Prague.