Les villes du « triangle thermal » de Bohême de l’Ouest candidates à une inscription à l’UNESCO
Riches d’un patrimoine qui attire les touristes du monde entier, Karlovy Vary, Mariánské Lázně et Františkovy Lázně sont les trois villes qui forment le fameux « triangle thermal » de Bohême de l’Ouest. C’est précisément pour faire reconnaître le caractère unique du phénomène du thermalisme européen que les trois villes se sont jointes à une initiative regroupant onze cités thermales du continent pour déposer une candidature commune à une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
L’idée centrale de cette candidature commune est de mettre en valeur un phénomène historique en Europe et dans le monde, comme le développe l’ancien maire de Karlovy Vary, Petr Kulhánek :
« Les villes candidatent ensemble sur le principe de l’intégrité et de l’authenticité de la station thermale. La renommée historique et la présence des sources thérapeutiques sont les autres critères retenus. Une des conditions est que chaque ville possède sa propre source thermale curative. »
Tout en différant quelque peu les unes des autres, les trois cités tchèques forment un ensemble cohérent en Bohême de l’Ouest, cette région frontalière avec l’Allemagne. A Karlovy Vary, la plus connue, l’architecture élégante et opulente témoigne de la présence du gratin européen qui déambulait au XIXe siècle le long de ses colonnades. Mariánské Lázně, pour sa part, a davantage les atours d’une belle endormie et attire justement par la quiétude romantique qu’elle inspire. Františkovy Lázně, enfin, bien que moins connue et plus petite que ses deux voisines, mérite également le détour pour son ensemble architectural homogène qui émerge au cœur d’une forêt urbaine, îlot de verdure invitant à la flânerie.
Architecte et spécialiste du patrimoine, Lubomír Zeman est un des initiateurs de cette candidature à l’UNESCO :
« Ce triangle thermal est absolument significatif pour toute la région de Bohême de l’Ouest. Celle-ci est intéressante justement par l’ampleur et la quantité de sources thermales qu’elle possède. C’est un phénomène unique au monde. »
Plus généralement, ces trois villes tchèques s’inscrivent dans un ensemble plus vaste censé refléter et illustrer le phénomène du thermalisme dans son ensemble, depuis le XVIIIe siècle jusqu’aux années 1930 avec un apogée au XIXe siècle. La noblesse européenne et étrangère mais aussi les grands écrivains, compositeurs et artistes de l’époque s’y pressaient alors pour « prendre les eaux », mais aussi pour voir et se faire voir. D’aucuns voient même dans ces lieux de rencontre et de sociabilité les germes d’une communauté européenne et le terreau de diffusion des idées démocratiques.Parmi les autres villes aspirant à cette inscription à l’UNESCO figurent aussi Vichy en France, Bath la bien nommée au Royaume-Uni ou Spa en Belgique, qui a donné son nom au thermalisme en anglais, ainsi que plusieurs autres cités en Allemagne, Autriche et Italie. La plupart de ces villes bénéficiant déjà d’un statut de patrimoine culturel protégé dans leur pays respectif, qu’est-ce que cette éventuelle inscription à l’UNESCO pourrait leur apporter ? Réponse avec Petr Kulhánek :
« C’est sans aucun doute une reconnaissance internationale du caractère unique de la ville. Une inscription permettrait d’acquérir un avantage indéniable en termes de concurrence dans les secteurs du thermalisme et du tourisme en général. Ce peut être aussi un énorme coup de pouce pour l’économie locale. L’augmentation de l’intérêt porté à une ville entraîne le développement des services balnéaires et touristiques. Il n’y a donc que des points positifs importants. »