Coronavirus : les thermes tchèques au bord du gouffre
Fermés depuis plus d’un mois pour cause de crise sanitaire, les établissements thermaux tchèques restent dans le flou quant à une possible réouverture. Le secteur thermal, qui génère environ 20 000 emplois directs, pourrait licencier 30% de ses salariés.
La crise du coronavirus est un coup dur notamment pour la région de Bohême de l’Ouest, où se trouvent les principales stations thermales du pays : Karlovy Vary, Mariánské Lázně et Františkovy Lázně. La perte d’activité des établissements pourrait entraîner la suppression de quelque 8 000 emplois dans la région, selon son président Petr Kubiš.
« Les villes thermales sont paralysées », a constaté Jan Kuchař, maire de Františkovy Lázně et président de l’Association des stations thermales, dans une lettre adressée au Premier ministre Andrej Babiš. D’après lui, les retombées économiques seront lourdes non seulement pour les établissements thermaux, mais également pour les commerçants et l’immobilier.
Dans leur missive adressée au gouvernement, les villes thermales tchèques demandent un soutien financier qui non seulement leur permettrait de survivre à la période de confinement, mais serait maintenu après la réouverture des établissements.« Tous nos établissements sont fermés et le personnel est confiné. Nos employés touchent 60% de leur salaire. Il nous faudrait avoir une perspective de réouverture. L’entreprise tiendra le coup encore en avril, mais plus en mai. La situation est critique. Le gouvernement nous a promis une aide, mais nous n’avons encore rien reçu », a déclaré le directeur des établissements thermaux de Františkovy Lázně, Jan Ciglanský, à l’agence de presse ČTK.
Alors que les restaurants, hôtels et autres établissements d’hébergement en Tchéquie doivent rouvrir à compter du 8 juin prochain, selon le calendrier du gouvernement, les thermes ne figurent pas dans le plan de déconfinement. D’après le ministre de la Santé, Adam Vojtěch, la réouverture progressive des établissements thermaux, conditionnée à une évolution favorable de la situation sanitaire favorable, est un sujet qui ne sera pas abordé avant fin avril.
D’ici-là, les thermes se préparent à une nouvelle saison inédite, axée cette fois, en l’absence de clientèle étrangère, sur les curistes tchèques, et en particulier sur les familles. Ces préparatifs s’inscrivent dans le cadre d’une importante réorganisation qu’implique la réouverture des établissements.
Ainsi, par exemple, les thermes de Teplice nad Bečvou, en Moravie centrale, dont l’histoire remonte à la moitié du XVIe siècle, ont annoncé une réorientation de leur domaine thérapeutique : contraintes d’abandonner leur spécialisation, à savoir le traitement des maladies cardiovasculaires, elles se consacreront désormais aux soins de réadaptation. Néanmoins, les établissements et les nombreuses sources minérales locales resteront fermés pour une durée indéterminée, a annoncé la direction des thermes, qui s’apprête à licencier 150 salariés, soit la moitié du personnel.« Jamais depuis la fin de la guerre, la ville n’a été aussi vide et silencieuse. C’est triste à voir », a confié à la Radio tchèque l’ancien directeur des thermes de Teplice nad Bečvou, Jaroslav Sedláček. Une fois seulement dans son histoire récente, la commune a dû fermer ses établissements thermaux : c’était durant l’été 1997, suite à la crue de la rivière Bečva, dont le niveau était alors monté de 11 mètres. « On a mis quarante jours pour tout réparer », se souvient Jaroslav Sedláček. « C’était un coup très dur pour la commune. Mais cela n’avait rien à voir avec les retombées de la pandémie du coronavirus qui, elle, est une véritable catastrophe. »