Lithium : le « non » d’un petit village tchèque, après 60 ans d’exploitation de l’uranium

La mine de Rožná

Le gouvernement tchèque souhaite exploiter à l’avenir ses gisements de lithium, considéré comme une matière première « superstratégique », pour contribuer à sa propre sécurité énergétique. Mais comme le montre l’exemple de la petite commune de Rožná, dans le centre du pays, tout le monde en Tchéquie n’envisage pas le projet avec le même enthousiasme.

Évoquée en mai dernier par le Premier ministre Petr Fiala lors d’un passage dans les Monts Métallifères, en Bohême du Nord, la « révolution du lithium » n’est encore que partiellement en marche en Tchéquie.

À l’avenir, le lithium pourrait être extrait non seulement en Bohême du Nord et de l’Ouest, mais aussi, par exemple, dans la région de Vysočina, dans le centre du pays. Plus précisément dans la petite commune de Rožná (760 habitants), dans les environs de Bystřice, où l’uranium a été exploité pendant plus de soixantaine ans par le passé, jusqu’à la fermeture de la dernière mine en 2017.

La société Geomin, qui affirme que des réserves s’y trouvent, a demandé au ministère de l’Environnement de sonder le terrain de manière à pouvoir procéder à une étude géologique qui confirmerait ou infirmerait la présence de lithium. Toutefois, la municipalité, dont l’avis a été sollicité par le ministère, rejette toute nouvelle éventuelle exploitation minière, comme le confirme le maire Libor Pokorný :

Rožná | Photo: ČT

« C’est absolument hors de question, il y a ici des centaines de milliers, voire des millions de tonnes de boues galvaniques et tout est en train d’être assaini. Il y a aussi des centaines de puits de contrôle pour éviter que de l’eau contaminée ne coule dans le cours d’eau. »

Le maire explique « ne voir aucune logique » dans le fait de « détruire à nouveau » tout ce qui a été laborieusement reconstruit et assini après la fin de l’exploitation de l’uranium. Toujours selon lui, il existe déjà suffisamment de données sur les réserves souterraines datant de l'époque de l'exploitation de l'uranium, y compris des minéraux contenant du lithium.

Sollicitée par les médias tchèques, la société Geomin, dont le siège social se trouve dans la ville de Jihlava, distante de quelques dizaines de kilomètres, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

Malgré le refus de la municipalité de Rožná, la décision finale quant à une éventuelle étude approfondie du site reviendra au ministère de l'Environnement. Elle pourrait être rendue dans le courant du premier trimestre 2024.

Selon diverses estimations, la Tchéquie possède environ 3 % des réserves mondiales de lithium. La grande majorité se trouve à Cínovec, dans le nord-ouest de la Bohême, et une autre petite partie à Slavkovský les, à 150 kilomètres de route plus au sud-ouest.

Auteurs: Daniel Zach , Guillaume Narguet
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