La Tchéquie à l’aube de la « révolution du lithium »

Projet de grande envergure, l’exploitation du gisement de lithium à Cínovec, dans les Monts Métallifères, en Bohême du Nord, est plus que jamais d’actualité, comme l’a confirmé la visite, mardi, du Premier ministre dans la région. Selon Petr Fiala, qui a parlé de « révolution du lithium », la République tchèque a devant elle « une opportunité exceptionnelle » de contribuer à sa propre sécurité énergétique et à celle de l’Europe.

Le lithium en République tchèque, cela fait déjà quelques années que l’on en parle. En 2019, le gouvernement de l’époque avait même placé ce qui est aussi parfois appelé « l’or blanc » sur une liste de cinq matières premières « superstratégiques » (avec l’or, l’uranium, le rubidium et le césium).

S’il en est tant question, c’est notamment parce que c’est en Bohême du Nord, et précisément à Cínovec, où Petr Fiala est donc passé mardi, que pourrait se trouver la plus grande réserve en Europe. Un gisement riche aussi en étain et en tungstène, long de 3,7 kilomètres, large de 700 mètres et profond de 600 mètres, au milieu d’une forêt qui relie la Bohême à la Saxe d’une immense richesse géologique. Si un tiers des ressources se trouve du côté allemand de la frontière, dans le Land de Saxe, les deux autres tiers se situent, eux, du côté tchèque, où les travaux de préparation pour une future extraction ont déjà commencé.

Cínovec | Photo: Jens Jäpel,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0

Malgré la proximité géographique, République tchèque et Allemagne n’envisagent cependant pas de mine commune. Si chaque pays exploitera donc lui-même ses propres réserves, à condition que les deux s’y décident, un mémorandum de coopération a néanmoins été signé à Dresde, mardi, par le ministre-président de Saxe, Michael Kretschmer, et Petr Fiala :

« Il n’est pas nécessaire d’extraire ensemble, nous pouvons procéder chacun de notre côté. Mais une certaine forme de coopération est quand même nécessaire et celle-ci sera d’ailleurs avantageuse pour les deux parties. C’est un métal capital pour l’avenir, par exemple, de l’électromobilité, pour la production de batteries, pour assurer notre indépendance. Il est donc dans notre intérêt commun d’être en mesure de l’exploiter rapidement. »

Le document en question engage la République tchèque et la Saxe à coopérer pour renforcer la sécurité et l’autosuffisance en matières premières, en énergie et en carburants, à coopérer dans les domaines de la science et de la recherche, à renforcer la coopération transfrontalière en matière de protection du climat et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et à coopérer dans la transformation de l’industrie et l’extraction des matières premières stratégiques, en particulier, donc, le lithium.

Aujourd’hui, on estime que la République tchèque possède environ 3 % des réserves mondiales de lithium. La grande majorité se trouve à Cínovec et une autre petite partie à Slavkovský les, à 150 kilomètres de route plus au sud-ouest.

Technologie difficile, l’exploitation minière en profondeur à Cínovec est préparée par Geomet, une société détenue majoritairement par Severočeský doly, qui appartient, elle, au groupe ČEZ. L’étude de faisabilité finale, qui répondra aux questions fondamentales relatives aux possibilités de production de lithium dans la région des monts Métallifères, sera achevée d’ici la fin de cette année.

Petr Fiala visite la société Geomet | Photo: Ondřej Hájek,  ČTK

L’exploitation en tant que telle et l’extraction pourraient commencer fin 2026/début 2027, à condition que Geomet obtienne un permis de construire dans le courant du second semestre 2025. Le coût de l’ensemble du projet est estimé à 15 milliards de couronnes (640 millions d’euros). Une partie de ce montant pourrait être couverte par une subvention du Fonds européen pour une transition juste.

En attendant, si Petr Fiala a estimé, mardi, être « à l’aube d’une révolution du lithium », c’est parce que, selon lui, son utilisation est appelée à croître de manière significative et parce que l’Europe, pour l’instant très dépendante de l’étranger, va soutenir intensivement la production de matières premières essentielles sur son propre territoire. Le lithium est la principale matière première pour la production de batteries à la fois pour les véhicules électriques et pour les sources d’énergie renouvelables. Une donnée dont le chef du gouvernement tchèque est bien conscient :

« C’est justement la raison pour laquelle nous souhaitons qu’une ‘gigafactory’ voit le jour en République tchèque. Il s’agirait là assurément d’un avantage concurrentiel sur les autres pays. »

Selon sa direction, le groupe ČEZ, géant énergique dont l’État tchèque est l’actionnaire majoritaire, négocie toujours avec des investisseurs potentiels pour la réalisation d’un projet de « gigafactory » (une usine de production de batteries pour voitures électriques) sur le site d’une ancienne centrale électrique au lignite, dans la région de Chomutov, actuellement en cours de démolition. La République tchèque a également proposé le site d’un aéroport dans les environs de Plzeň au groupe automobile Volkswagen pour y construire une autre « gigafactory » européenne. Aucune décision n’a toutefois encore été prise.

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