Une initiative diplomatique tchèque très controversée
Le projet de résolution de l'ONU sur les droits de l'homme, à Cuba, suscite beaucoup de réactions. Alain Slivinsky vous en présente quelques-unes.
Il faut dire que l'initiative du ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Kavan, n'est vraiment pas très bien vue, dans les milieux politiques, aussi bien tchèques qu'étrangers. De quoi s'agit-il ? Du projet de résolution concernant l'état des droits de l'homme, à Cuba, qui devrait être adopté par l'ONU, dans quelques semaines, à Genève. Le chef de la diplomatie tchèque voudrait que cette résolution critique non seulement l'état des droits de l'homme, à Cuba, mais aussi les sanctions économiques américaines prises contre ce pays. La réaction négative des Etats-Unis ne s'est pas fait attendre, pourtant, ce petit litige ne devrait pas nuire aux relations entre la superpuissance et la Tchéquie. Mais quelle est la position du plus concernée dans l'affaire, la République de Cuba ? Notre collègue a pu s'entretenir avec le vice-ministre des Affaires étrangères cubaine, Angel Dalmau Fernandez. Un résumé de cet entretien : "Je vous remercie de votre intérêt et du temps que Radio Prague consacre à ce thème, mais si je devais vous dire ce que je pense, réellement, de cette résolution, je devrais vraiment me contrôler dans mes propos"... Le représentant cubain a continué en déclarant que cette résolution est un acte de double morale, une vengeance. Elle est inacceptable concernant l'embargo américain ou non. Il a, de nouveau, répété que la République tchèque avait accepté de la présenter, après que les Etats-Unis n'avaient pas réussi à l'imposer seuls, en 1998. Concernant les relations tchéco-cubaines, le représentant de La Havane a déclaré qu'il était inutile d'en parler, quand son pays était victime d'un acte d'agression. Selon lui, la critique des sanctions économiques contre Cuba, de la part de la Tchéquie, ne sont pas le résultat d'un accord entre Prague et La Havane, en liaison avec la récente affaire de deux Tchèques détenus à Cuba.
En Tchéquie, le ministre des Affaires étrangères, Jan Kavan, doit faire face à une forte critique aussi. Le président de la Chambre des députés, Vaclav Klaus, ne mâche pas ses mots: "Une initiative complètement inutile, qui ne mène nulle part". D'un autre côté, il reconnaît que les sanctions économiques sont sans effet. A propos du coup de téléphone du ministre américain des Affaires étrangères, Colin Powell, au Président Vaclav Havel, le président de la Chambre pense qu'il aurait dû être adressé au Premier ministre, Milos Zeman. Le porte-parole de ce dernier affirme de la capitale indienne, Delhi, où se trouve le Premier ministre, que toute l'affaire de la résolution de l'ONU sur les droits de l'homme à Cuba entre pleinement dans la compétence du ministre des Affaires étrangères.