Les crimes communistes sont-ils poursuivis en République tchèque ?
Plus de onze ans après la chute du régime communiste en ex-Tchécoslovaquie, ses crimes demeurent toujours, à quelques exceptions près, impunis. Alena Gebertova essaiera de répondre pourquoi.
Trop de velours, après la fameuse révolution de velours de 1989, qui a mis un terme au communisme en Tchécoslovaquie. Tel est l'avis d'une grande partie des Tchèques qui estiment, et pour cause, que les principaux responsables de l'arbitraire communiste n'ont jamais été punis, voire traduits en justice.
L'Office de documentation et d'enquête des crimes du communisme a été créé à cette fin, il y a six ans. Depuis, 160 personnes ont été accusées. Des verdicts, dont cinq avec sursis, ont été prononcés contre neuf accusés seulement. A ce jour, personne d'entre eux n'a encore été mis en prison. Quelle est la cause d'un tel état de choses ? Et où en est-on avec les plus gros poissons communistes ?
L'Office a voulu faire traduire en justice, par exemple, à plusieurs reprises, la nomenklatura communiste, responsable de l'écrasement du printemps de Prague de 1968, en accusant certains de ses membres de haute trahison. La poursuite a été au fur et à mesure stoppée, à l'exception du cas de trois hauts fonctionnaires, dont l'ex-numéro un communiste, Milous Jakes. Ceci dit, les tribunaux ont rejeté leur accusation en disant : les juges d'instruction n'ont pas apporté suffisamment de preuves. Beaucoup pensent donc que la volonté des tribunaux de punir les crimes communistes est, en fait, faible. D'ailleurs, tout joue au profit des anciens protagonistes du régime : les preuves requises manquent souvent, pour avoir été intentionnellement liquidées ou pour avoir tout simplement disparu, les témoins meurent...
Jiri Loewy, dans Lidove noviny de ce mardi, va plus loin encore, en parlant du marasme juridique dans le pays. Ce marasme déshonore, dit-il, l'ensemble des gouvernements post-communistes en République tchèque. L'accusation de Lubomir Strougal n'y peut rien changer.