Les Tchèques sont choqués. Mardi soir, en Bohême du sud, un agresseur a tué deux policiers. Le troisième, gravement blessé, est à l'hôpital. Une tragédie qui n'aurait probablement pas eu lieu, si les agents de police avaient des armes plus modernes. Magdalena Segertova, sur le triste événement qui a ouvert un grand débat parmi les spécialistes.
Travail des policiers
C'était une situation que les policiers vivent presque tous les jours. A Protivin, une petite ville au sud du pays, une femme appelle la police, en accusant son ancien mari de tentative de viol. Trois policiers se rendent sur place. Comme la voiture du violeur est cachée dans un buisson près de la maison, on croit que ce dernier s'est enfui. Les policiers commencent à examiner les lieux, quand le malfaiteur, caché à l'intérieur de la maison, apparaît. Il tire d'abord sur la femme. Elle arrive à se sauver. Les policiers, paradoxalement, non. L'assassin les attaque avant qu'ils ne chargent leurs pistolets... Non, ce n'est pas l'histoire un peu tirée par les cheveux d'un roman policier. C'est la cruelle réalité : les policiers tchèques n'ont pas de pistolets de qualité, avec la première cartouche dans la chambre, permettant de tirer aussitôt. Il y a trois ans, leur utilisation a été interdite par le Président de la police tchèque, Jiri Kolar. La raison de sa décision : une série d'accidents, où un tel pistolet a tiré spontanément. "Il est vrai que le policier sera ainsi moins protégé devant l'agresseur, mais il est impensable qu'il tue quelqu'un par mégarde", avait expliqué Jiri Kolar. Logiquement, les policiers et de nombreux spécialistes s'y opposent. Un débat sans fin est mené, depuis des années, à ce sujet. En ce temps, les fabriquants d'armes tchèques n'ont pas été capables d'équiper les policiers de pistolets sûrs et efficaces en même temps...
Une autre question, non moins inquiétante, a surgi après le drame de mardi dernier : ne faut-il pas rendre plus sévères les conditions d'obtention du permis de port d'armes ? Les policiers disent oui, sans hésitation. D'après un collègue des victimes, Josef Charvat, de la police criminelle, des lacunes dans les lois tchèques permettent à n'importe qui de se munir d'une arme. Pour avoir le permis, l'accord d'un médecin est nécessaire. Mais cela ne suffit pas, dit le policier, et il insiste sur l'introduction de tests psychologiques rigoureux. Si les médecins devaient les faire, ils auraient peut-être découvert que l'assassin de Protivin, homme respecté dans le village, était, en réalité, hautement agressif... Après avoir commis le crime, cet entrepreneur de 45 ans a tenté de se suicider. Il est hospitalisé et son état reste critique.