Extasy : extase chèrement payée
L'extasy, drogue des fous de la musique techno, drogue d'amour, drogue dite non dangereuse... Connue, à l'Occident, depuis une quinzaine d'années, elle vit en ce moment un véritable boom en République tchèque. Et... fait tomber en syncope des dizaines de jeunes chaque week-end... Magdalena Segertova sur les secrets de la petite pilule.
Vous êtes jeunes, mais la vie vous paraît moche. Votre petit(e) ami(e) vient de vous quitter, vous êtes sans un sou, vous avez échoué à un examen ou perdu votre travail, vous êtes à couteaux tirés avec vos parents... Un jour, un ami vous invite à une soirée techno, où tous le monde est heureux, s'amuse et sourit. Pas une seule goûte d'alcool, pas de types bizarres. Tout est beau, propre, les gens sont sympa, intelligents, ils s'aiment, ils vous aiment! Comment rejoindre cette foule au comble du bonheur ? Il suffit d'avaler un petit cachet, l'extasy, qui vous fait plonger dans l'extase. Difficile de résister, quand un monde haut en couleur est à portée de la main, difficile de se boucher les oreilles quand vos meilleurs copains vous disent : on l'a déjà essayé, c'est super, tu vas te sentir tellement proche des autres et, en plus, pas de question d'être dépendant!
Des milliers de jeunes Tchèques se sont laissés et se laissent tenter. Et nombreux sont ceux qui, après avoir avalé un, deux, les plus impatients même trois ou quatre cachets de suite, ont besoin d'assistance médicale. L'extasy est perfide. Elle produit des sensations proches de l'orgasme, intensifie le sens tactile, augmente la vigilance et diminue la fatigue. Capables de danser du soir jusqu'à l'aube, les débutants peuvent s'épuiser totalement sans en apercevoir. Faute la plus fréquente : ils oublient de boire de l'eau. Dans certains clubs, l'entrée avec une bouteille d'eau emportée est même interdite. On est déshydraté, il fait chaud, on se bouscule, on n'a pas où mettre les pulls et les blousons, car il n'y a plus de place au vestiaire. Résultat ? Collapsus total. Certains clubs pragois ont déjà pris des mesures : les gros bras savent donner les premiers soins, dans chaque salle, le DJ peut, quand quelqu'un s'évanouit, appuyer sur un bouton, et appeler ainsi au secours. Celui qui a un doute à propos de la qualité de la drogue, peut vérifier cette dernière dans un tout petit laboratoire, équipement qui n'est plus exceptionnel, dans les boîtes pragoises.
Que dire à la fin ? Rappeler, peut-être, les autres risques de "la moins dangereuse des drogues" : un état convulsif, des troubles d'hypertension avec arythmie, des hémorragies cérébrales et même la mort subite. Pas de dépendance physique, "seulement" psychique, disent les spécialistes. Voilà le prix à payer pour quelques heures d'euphorie. Artificielle, de plus.