L'enseignement de l'holocauste dans le système scolaire tchèque
C'est à Terezin, à 50km au nord de Prague, là où les nazis avaient créé un ghetto et un camp de concentration pendant la guerre, que sont organisés des séminaires pour aider les enseignants tchèques à améliorer leurs connaissances sur l'holocauste, et leur permettre de mieux transmettre ces informations à leurs élèves.
Organisé depuis quatre ans par le Mémorial de Terezin avec le concours du ministère de l'Education, le programme de séminaires a déjà attiré plus de 600 enseignants du premier et du deuxième cycle.
Miluse Hnatova participait au séminaire qui a eu lieu la semaine passée à Terezin. Elle enseigne l'histoire dans un lycée de Tachov.
« La question de l'holocauste a été inscrite au programme de l'école primaire et du lycée. Bien sûr, cela reste du ressort des régions, et je pense que cela dépend aussi beaucoup de chaque professeur et de sa relation avec ce thème. Je suis convaincue que ce type de séminaires nous aident beaucoup, et nous permettent d'obtenir de nombreuses informations, parce qu'avant 1989 nous avons reçu le minimum. »
Quelles sont les différences dans l'enseignement sur ce thème avant la révolution et aujourd'hui ?
« Avant la révolution, on parlait moins de l'holocauste que des victimes communistes. Le thème de l'holocauste était plutôt enseigné dans un cours global sur les exterminations pour raisons politiques et non sur les exterminations en raison de l'appartenance à une nation ou à une communaté religieuse. »
Concrètement, combien de temps consacrez-vous à ce thème ?
« Au lycée, nous avons l'avantage d'avoir des modules facultatifs, en plus des heures de cours normales. Ces modules d'histoire, pendant un mois ou deux, nous les consacrons non seulement à l'holocauste mais aussi à l'histoire du judaïsme. Et nous terminons avec un séjour de deux jours ici, à Terezin, où les élèves suivent un programme préparé par le musée juif. Ce programme jouit d'un succès certain auprès des élèves, qui demandent dès le début de l'année scolaire s'ils vont pouvoir retourner à Terezin. »
Le musée de la culture rom de Brno soutient également ce programme de séminaires, au cours desquels sont soulevées des questions à propos de l'enseignement sur le génocide rom. Miluse Hnatova :
« C'est une question encore plus compliquée, parce que même les spécialistes ne parviennent pas à s'entendre sur le sujet. Nous venons justement d'en parler au cours de ce séminaire. Personnellement, je suis favorable à un enseignement séparé de l'holocauste des Juifs et du génocide des Roms, parce qu'il y a des caractéristiques spécifiques. »
Stephanie McMahon-Kaye, du mémorial Yad Vashem, a fait le déplacement depuis Jerusalem pour participer au séminaire de Terezin et rencontrer les enseignants tchèques :
« A Yad Vashem, nous organisons des séminaires internationaux, auquels les professeurs tchèques participent régulièrement. Ils font toujours partie des participants les plus interessés et les plus motivés. Le concept de savoir qui est juif et ce qu'est un Juif est un concept très difficile à cerner. Je peux m'imaginer que dans un pays comme la République tchèque, où il n'y a pas eu beaucoup de contacts depuis longtemps avec une importante communauté juive et où les occasions d'apprendre manquaient, il y a toujours beaucoup de questions. J'attends toujours avec impatience de pouvoir rencontrer les pédagogues et partager mon point de vue avec eux. »