Le ministère de la Santé veut une régulation des prix des médicaments pour les seniors

Photo: Jana Huzilová, ČRo

Quasiment 90 % des personnes âgées de 65 à 74 ans se procurent régulièrement des médicaments délivrés sur ordonnance. Deux tiers des seniors ont besoin de plus de six sortes de médicaments, un chiffre qui est encore plus important pour les personnes hospitalisées. Des traitements qui peuvent donc être assez coûteux, d’autant plus que les retraités sont un groupe social parmi les plus menacés par la pauvreté. C’est la raison qui a poussé le ministre de la Santé, le social-démocrate Svatopluk Němeček, à demander à l’Institut national pour le contrôle des médicaments et à la Caisse d’assurance maladie (VZP) de faire le point sur la situation des seniors vis-à-vis du coût des médicaments.

Svatopluk Němeček,  photo: ČTK
« Les principaux objectifs du programme de l’actuel gouvernement étaient d’assurer l’accessibilité aux soins médicaux et d’éliminer les barrières économiques. Lors de l’étape précédente, nous avons supprimé les ‘frais de régulation’ (des frais qui étaient versés par les patients tchèques lors d’une consultation chez le médecin ou lors de la prescription d’une ordonnance, ndlr). Je crois que nous avons ainsi facilité considérablement l’accessibilité aux soins médicaux. Cette réunion avait donc pour objectif d’évoquer le dernier domaine qui pourrait causer des problèmes à certains citoyens, les surcoûts des médicaments. »

Comme l’a confirmé le ministre de la Santé Svatopluk Němeček lors d’une conférence de presse ce jeudi, la part non-remboursée par les assurances des médicatments varie souvent d’une marque à l’autre. Le travail d’analyse consiste ainsi en premier lieu à faire le bilan des mécanismes déjà existant pour baisser les dépenses individuelles de santé. Il s’agit, à l’heure actuelle, de s’assurer qu’au moins un produit dans chaque catégorie de médicaments soit vendu sans surcoût et d’établir une application efficace du montant maximal annuel fixé de la part non-remboursée des médicaments. Ce montant, établi à 2500 couronnes (près de 92 euros), représente une somme maximale que les patients doivent dépenser pour les médicaments, le reste des frais étant réglé par leur compagnie d’assurance maladie. D’après le ministre, ces mécanismes sont cependant loin d’être satisfaisants car les médicaments prescrits par les médecins ne correspondent pas toujours à des marques remboursées par les assurances. De plus, ce montant maximal est calculé sur la base des prix de « produits de référence », c’est-à-dire de produits dont le prix peut être moins élevé que celui du produit prescrit.

Photo: Jana Huzilová,  ČRo
Pour Svatopluk Němeček, les seniors représentent la population la plus consommatrice de médicaments. Ce bilan porte alors dans un deuxième temps sur les conséquences de ces dépenses pour les retraités. Il s’agit également de fournir des pistes de réflexion pour améliorer la situation, par exemple via la régulation des prix ou l’introduction de plusieurs produits entièrement remboursés.

L’opposition, pour sa part, n’est néanmoins pas d’accord avec ce projet et le juge discriminatoire à l’égard d’autre groupes menacés par la pauvreté. L’ancien ministre de la Santé Leoš Heger, du parti conservateur TOP 09, précise :

« Je crois que le plus important est qu’il existe une solidarité entre les malades et les personnes en bonne santé car il ne s’agit pas seulement des seniors mais aussi des malades chroniques. »

Svatopluk Němeček s’oppose à ces arguments en indiquant que les autres groupes vulnérables font également l’objet de discussions et ajoute :

Photo illustrative: Lenka Šipošová,  ČRo
« La situation en République tchèque s’avère être, en comparaison avec d’autres pays, plutôt favorable. Cela est dû aux règlements efficaces de l’Institut national pour le contrôle des médicaments, et ainsi au fait que nous disposons, par rapport à l’Europe, de médicaments à bas prix. Je crois même que le seuil de 2500 couronnes est raisonnable. Mais nous savons aussi que pour certains groupes de seniors le prix des médicaments peut représenter un problème. C’est-à-dire que si cet état des lieux confirme qu’il est nécessaire de résoudre cette situation, nous prendrons les mesures correspondantes. »

Cet état des lieux devrait nécessiter un mois de travail. C’est seulement ensuite que le gouvernement pourrait agir en définissant quelles mesures adapter pour quels médicaments.