Le Pont du Gard expose les « Vestiges » de Josef Koudelka
Josef Koudelka est sans doute le photographe tchèque le plus célèbre au monde. Aussi discret dans la vie que ses photos sont connues, il est entré dans l’histoire avec ses photos poignantes témoignant de l’invasion soviétique en Tchécoslovaquie en 1968. Photographe nomade, il a parcouru le monde en long et en large après son émigration. Parmi les photos qu’il a rapportées de ses nombreux voyages, celles de divers sites antiques du bassin méditerranéen. Ce sont celles-ci qui sont exposées jusqu’au 31 octobre, au Pont du Gard, en France. Hervé Hubidos en est le directeur culturel, il détaille au micro de Radio Prague l’origine de ce projet.
Vestiges couvre une période de la création photographique de Josef Koudelka entre 1991 et 2015. Que peut-on voir exactement comme sites sur ces photos ?
« Cela couvre une longue période. La dernière photo qui a intégré l’exposition, c’est une photographie du Pont du Gard. Josef Koudelka a accepté une commande et a photographié le Pont du Gard. Il y a plusieurs choses dans l’exposition : à la fois 22 photos en grand format qui font plus de 2,60 mètres, une quarantaine de photos présentées sur des socles comme si on se baladait au milieu des ruines, et une projection qui présente plus de 400 photos. En fait, il s’agit de la majorité des grands sites autour du bassin méditerranéen : outre le Pont du Gard, on peut citer Rome évidemment, le site de Palmyre dont on parle actuellement, des sites en Algérie, en Tunisie, en Italie, en France, en Syrie, en Sicile… C’est très large, on ne peut pas tout citer. C’est vraiment le regard de ce grand artiste sur ces lieux où il a passé énormément de temps. »Comment caractériseriez-vous le travail photographie de Josef Koudelka ?
« C’est toujours délicat de parler d’un artiste aussi important que lui. C’est un des photographes de référence pour beaucoup de confrères, je m’en suis rendu compte en parlant avec de jeunes photographes. C’est avant tout un travail artistique. On n’est pas du tout dans le reportage sur les sites antiques, mais c’est un vrai regard artistique. C’est la première impression : ces photos ont une vraie esthétique et un vrai fonds artistique. Ensuite, on n’est pas dans un regard nostalgique mais dans quelque chose qui célèbre finalement une forme de civilisation et de culture qui appartient à tout le monde. Cela montre le patrimoine comme un bien commun universel. La beauté qu’il arrive à faire ressortir de ces lieux est vraiment très forte. »En effet, comme vous le précisez, ce ne sont pas des reportages journalistiques, ce sont des photos d’art. En même temps, le message transmis par ces photos et cette exposition a une résonance très actuelle, alors que de nombreux sites du bassin méditerranéen sont menacés ou détruits…
« Oui, Josef Koudelka n’était pas du tout dans cette démarche-là au départ. Mais cela fait écho en effet avec l’actualité. Il a passé beaucoup de temps à Palmyre, or on sait que c’est un site en danger actuellement. Son témoignage ne repose pas du tout sur cette démarche au départ, sauf que finalement, ce qu’il nous montre c’est la beauté, la force, l’atemporalité de ces lieux, témoins d’une histoire qui a uni tout le bassin méditerranéen. En effet, involontairement, cela fait écho à ce qui se passe en ce moment… »