Nouvelle rentrée scolaire, nouvelle seconde langue étrangère

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Après deux mois de vacances, l’heure de la rentrée a sonné, lundi, pour les élèves tchèques, avec un certain nombre de nouveautés. Celles-ci ne sont pas mineures, une refonte importante des programmes tant de l’enseignement primaire que secondaire, la première depuis sept ans, ayant été pensée. Ces changements radicaux concernent également l’introduction de l’apprentissage d’une seconde langue étrangère au collège ; une mesure qui ne recueille toutefois pas l’approbation de tous.

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Cette année, plus de 1,2 million d’enfants tchèques ont retrouvé les bancs de l’école, certains avec le sourire, d’autres moins. Ils sont près de 112 000, soit 7 000 élèves de plus que l’année dernière, à être accueillis en première classe, le premier niveau de l’enseignement primaire équivalent du CP dans le système français. Le nombre de lycéens a lui diminué d’environ 20 000, passant ainsi à 409 000. L’augmentation des effectifs dans les classes pour certaines tranches d’âge fait craindre un enseignement de moins bonne qualité à certains parents. A la recherche d’alternatives garantissant une meilleure qualité de l’enseignement, certains d’entre eux ont ainsi préféré scolariser leurs progénitures dans des établissements privées. Mais qu’ils soient dans des écoles privées ou publiques, tous sont dans l’obligation de suivre le même programme éducatif.

Pour cette nouvelle année scolaire, les collégiens apprendront ainsi désormais obligatoirement deux langues étrangères : une première langue est déjà enseignée dès la « troisième classe », l’équivalent du CE2 ; mais c’est la seconde langue qui marque la nouveauté, en apparaissant en « septième classe », l’équivalent de la quatrième en France. Néanmoins, les enseignants sont partagés à l’égard de ce sujet. Certains affirment que des élèves auront du mal à assimiler leur première langue. Professeur d’anglais et de russe, Jana Jurečková évoque un autre problème :

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« Pour certains enfants, qui ont des troubles d’apprentissage comme la dyslexie ou la dysgraphie, apprendre l’alphabet russe peut s’avérer difficile. »

Autre problème possible : le nombre insuffisant de professeurs de langue. Le porte-parole du ministère de l’Education, Marek Zeman, révèle la solution à prendre dans ce cas-là :

« Si une école n’a pas la possibilité d’avoir un second professeur de langue, alors les élèves se perfectionneront dans leur première langue étrangère. »

Des voix se sont déjà élevées pour critiquer ce raisonnement, les étudiants qui auraient des difficultés à l’école disposeront de la possibilité de perfectionner leur première langue étrangère en doublant le nombre d’heures de trois à six par semaine, ce qui représenterait alors un déséquilibre par rapport à leur langue maternelle, le tchèque, enseignée, elle, quatre heures. Président de l’Association du métier de l’enseignant, Jan Korda souligne également un autre problème :

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« Les écoles ont dès à présent la possibilité de choisir leur seconde langue étrangère, mais moi, je n’ai pas la sécurité d’une continuité de l’apprentissage de cette langue face aux parents. Par exemple, nous allons enseigner le français ou l’anglais pendant deux ou trois ans, mais par la suite les parents pourraient ne pas trouver de lycée répondant à leurs demandes dans leur région de façon à pouvoir poursuivre cet enseignement des langues, à savoir l’anglais et le français en première et seconde langues. Je ne veux pas dire que les deux ans d’apprentissage de la seconde langue sont inutiles, mais le fait de ne pas assurer leur continuité, c’est précisément ce qui me semble inutile. »

Président de l’Association des directeurs des lycées, Jiří Kuhn rejoint Jan Korda dans ce sens, en précisant qu’une continuité logique entre collèges et lycées est nécessaire. Jiří Kuhn :

« Evidemment que l’apprentissage d’une seconde langue étrangère au collège doit être lié à l’apprentissage obligatoire de deux langues étrangères au lycée. Sinon, cela manque de logique. Il y a beaucoup de lycées professionnels qui n’offrent qu’une seule langue étrangère. Donc la question reste de savoir si les deux années consacrées à l’apprentissage de la seconde langue étrangère auront un sens pour un groupe d’élèves pour qui ce seront les seules années de langue. »

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En raison de la baisse du niveau des élèves tchèques en mathématiques, en comparaison avec l’étranger, les enfants apprendront à faire des fractions dès la classe de CP. Selon ce nouveau programme, ils vont également apprendre à communiquer avec les opérateurs des lignes de secours, à utiliser de façon sûre l’outil internet, à se déplacer en toute sécurité, et même à savoir compter son argent à la caisse. Si les enfants apprendront davantage cette année, le tout sera financé par un budget du ministère de l’Education s’élevant à 140 milliards de couronnes (environ 5,4 milliards d’euros) ; une réduction de cinq milliards (20 millions d’euros) étant prévue pour l’année prochaine.