Pleins feux sur les meilleures traductions littéraires tchèques
Parmi les ouvrages exposés à la foire « Le Monde du Livre » qui s’est tenue du 13 au 16 mai à Prague, il y avait entre autres une collection de livres traduits en tchèque qui aspirent au Prix Jungmann décerné chaque année aux meilleures traductions littéraires.
Le prix est décerné par l’Association des traducteurs littéraires tchèques. J’ai demandé plus d’informations à Alena Lhotová, elle-même traductrice, qui représente les traducteurs tchèques au sein du Conseil européen des Associations de traducteurs littéraires :
« L’Association des traducteurs littéraires tchèques regroupe des traducteurs littéraires mais aussi des historiens et des théoriciens de la traduction littéraire. Nous organisons chaque année le prix de la traduction qui s’appelle Prix Jungmann. Josef Jungmann était un des premiers traducteurs tchèques, un grand connaisseur et esthéticien de la langue tchèque au début du XIXe siècle. »
Le prix de la meilleure traduction est décerné toujours à la fin du mois de septembre, à la Saint-Jérôme, car ce saint a été le premier à traduire la Vulgate, donc la Bible, en latin, et il est donc considérée comme le patron des traducteurs. Toujours selon Alena Lhotová, l’Association a donc préparé pour le Monde du Livre une collection de plus de vingt ouvrages nominés pour ce prix :
« Je voudrais bien souligner la présence de deux traductions du français. Il y a un ouvrage très intéressant traduit par Gustav Francl, un traducteur très connu, très expérimenté, qui est presque le doyen de la traduction littéraire du français. Il s’agit d’une anthologie de la poésie française. C’est une très très bonne traduction. L’autre ouvrage qui aspire au Prix Jungmann est plus récent. C’est un ouvrage d’Andreï Makine traduit par Drahoslava Janderová. »Le roman intitulé « Requiem pour l’Est » est déjà le deuxième ouvrage d’Andreï Makine traduit en tchèque. En 2002 a paru en Tchéquie son livre « Le Testament français », roman en partie autobiographique ayant obtenu en 1995 le Prix Goncourt et le Prix Medicis. L’Association des traducteurs littéraires tchèques se propose donc d’attirer l’attention sur les excellentes traductions mais aussi sur les mauvaises. C’est pourquoi, d’après Alena Lhotová, l’Association a aussi décerné lors du Monde du Livre un anti-prix, le Prix de la pire traduction :
«C’est une manifestation que nous organisons depuis bientôt quinze ans. Il faut dire que ce méchant prix est très apprécié par le grand public. Ce prix n’a pas pour but d’humilier les traducteurs littéraires mais de pointer les éditeurs qui ne sont pas assez honnêtes et ne font pas suffisamment attention à la traduction avant la parution du livre. Comme les traducteurs littéraires sont très mal payés il y a des éditeurs qui donnent des traductions à des étudiants non expérimentés ou à n’importe qui. »Et Alena Lhotová de rappeler que faire une traduction littéraire, c’est un travail plein de créativité qui demande bien sûr du talent et en même temps non seulement une bonne connaissance de la langue d’origine mais aussi une excellente connaissance de la langue tchèque.