Benoît XVI a séduit les Tchèques qui ont bien voulu l’écouter

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La première visite du pape Benoît XVI en République tchèque s’est achevée lundi. Avant son arrivée, samedi, nombreux étaient ceux dans le pays à penser que dans le contexte actuel de crise politique et économique, la venue du Souverain pontife ne pouvait pas tomber plus mal. D’aucuns, à Prague comme à Rome, se demandaient même ce que Benoît XVI venait faire dans une République tchèque souvent présentée comme un des pays les plus sécularisés en Europe. Malgré ce pessimisme ambiant, l’appel à la foi et le message d’espoir délivré par le pape pendant trois jours a semble-t-il été bien entendu et accueilli.

Benoît XVI à Brno,  photo: CTK
Un pape allemand qui s’adresse en tchèque à la foule lors des deux messes célébrées dimanche à Brno, puis lundi à Stará Boleslav : le symbole est suffisamment fort pour ne pas le relever. En descendant de l’avion samedi à Prague, Benoît XVI était, à n’en pas douter, bien conscient de ne pas arriver en terrain conquis dans un pays où une majorité de la population se déclare non seulement athée, mais souvent même clairement anticléricale. En l’espace de trois jours, le pape aura pourtant su séduire les Tchèques. Au moins ceux qui ont prêté une oreille attentive à son message. Certes, les Tchèques ne se sont pas convertis en masse et ils ne seront certainement pas plus nombreux dans les églises dimanche prochain, mais en remontant dans l’avion lundi après-midi, le Saint-Père pouvait néanmoins avoir le sentiment du devoir rempli. Son message a été écouté et bien compris, comme l’a résumé à l’heure du bilan l’évêque Václav Malý, un des principaux artisans de la venue de Benoît XVI en République tchèque :

Benoît XVI à Stará Boleslav,  photo: CTK
« Un grand nombre de pensées importantes sont ressorties de ses interventions. Mais je voudrais retenir un moment en particulier : dans notre société divisée est arrivé un homme qui a apporté la sérénité. Un homme qui est convaincant, convaincu de ce qu’il dit et qui ne change pas d’opinions selon que ce qu’il dit est convenable ou ne l’est pas. Un homme qui ne recherche pas la popularité mais la vérité. Sa visite a été une oasis qui nous a permis de reprendre notre souffle à un moment où notre société est plongée dans la perplexité et où les gens ne savent pas ce qu’il faut penser. C’est vraiment ce qui me semble le plus important aujourd’hui : ne serait-ce que pendant la période où il a été parmi nous, Benoît XVI a apporté noblesse et sérénité dans un pays qui en a grandement besoin. »

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Personnalité parmi les plus reconnues et respectées de l’Eglise catholique tchèque, l’évêque Václav Malý n’a pas été le seul à analyser positivement le passage du pape, attendu depuis douze ans et la dernière visite de Jean-Paul II en 1997. Même s’il a admis qu’elle n’avait pas la tâche facile, Benoît XVI a invité l’Eglise tchèque à être porteuse de joie et de lumière dans une société libre mais parfois en manque de repères spirituels et moraux, vingt ans après la révolution et la chute du régime communiste. Dans un style très différent de celui de celui de son prédécesseur Jean-Paul II, Benoît XVI a donc séduit, entre autres, les 170 000 personnes venues assister aux deux messes, y compris le président Václav Klaus, omniprésent à ses côtés durant les trois jours :

Benoît XVI avec Václav Klaus,  photo: CTK
« Le message qu’il a transmis a été très clair, très convaincant et il a été transmis de telle manière à ce qu’il soit bien compris de tous. J’ose croire que ce message restera présent dans notre pays. C’est pourquoi je suis convaincu que cette visite a été très fructueuse et qu’elle a renforcé les relations qui étaient déjà bonnes entre la République tchèque et le Vatican. Et je suis persuadé qu’elles resteront bonnes à l’avenir. »

A entendre Benoît XVI parler d’une Europe qui n’est pas seulement un continent mais aussi un foyer, ce que l’évêque Václav Malý et d’autres avec lui ont interprété comme une invitation faite à certains politiques tchèques à ne pas avoir peur d’une Europe unie et ouverte, on peut toutefois se demander si le président Václav Klaus a vraiment bien compris l’intégralité du message du pape.