Chez Amis : un petit coin de Kabylie à Prague

Chez Amis, photo: Štěpánka Budková

Deuxième volet de notre série sur les francophones installés à Prague. Aujourd'hui dans le restaurant Chez Amis, au centre de Prague, un restaurant de spécialités orientales propriété d’Amis, qui est Algérien, Kabyle, et l’un des premiers Kabyles arrivés à Prague au début des années 1990 :

M. Amis
« Effectivement, je suis l’un des premiers Algériens kabyles installés en République tchèque. Je suis arrivé exactement le 31 juillet 1994, en provenance du Maroc. En fait, c’est par un pur hasard que je suis arrivé ici... en tapant à la porte de tous les pays d’Europe occidentale pour obtenir un visa. C’était presque impossible à l’époque. La République tchèque m’en a donné un dans des conditions relativement faciles. Je me suis retrouvé ici en 1994, comme ça, sans avoir rien programmé à l’avance. »

Je crois qu’il y a pas mal de Kabyles qui t’ont suivi après...

« Oui, une année après, en 1995, on a vu plein d’Algériens kabyles qui commençaient à frapper à la porte de l’ambassade tchèque en Algérie. »

On dit que c’est parce que le visa était moins cher, c’est la vrai raison ?

« Plutôt plus facile à obtenir que moins cher. C’était plus simple d’obtenir le visa tchèque que le visa français ou allemand... »

Depuis quand as-tu ouvert ce restaurant près de Národní třída, dans le centre de Prague ?

« Je l’ai ouvert en 2003, ça fait six ans et ça ne fait que s’améliorer. Malgré la crise, les gens continuent à venir et sont contents. »

Aujourd’hui la communauté kabyle est-elle importante en République tchèque ?

« On peut dire qu’elle est importante, même si beaucoup sont partis en France, en Angleterre ou là où ils avaient de la famille ou des amis. Mais beaucoup sont restés et ont fondé une famille. Je ne peux pas vous dire le nombre exact mais il y en a pas mal. »

C’est une communauté soudée ? Est-ce qu’il y a des lieux où les Kabyles se réunissent entre eux ?

« En fait ça nous manque à Prague. La communauté est plutôt soudée en France, mais pas ici. Cela nous manque, la solidarité entre nous. Mais dans les moments difficiles, on se téléphone, on se voit, on s’organise. »

Apparemment au début tu as aidé beaucoup de Kabyles à leur arrivée ici.

« Beaucoup oui, on peut même dire que je suis la raison de leur arrivée ici. Parce que je sais comment ils réfléchissaient quand ils étaient en Algérie : c’était parce quelqu’un les aidait en République tchèque qu’ils décidaient de venir. Chez nous, dans les villages, quand les gens décident de partir on n’a pas l’esprit d’aventure. Avant de partir, on s’assure d’abord de qui va nous recevoir, qui va nous loger, nous aider, nous traduire... Donc les dix personnes que j’ai aidées au départ, ça a fait une grande publicité pour ce pays, parce que les suivants savaient qu’en venant à Prague, quelqu’un les recevrait à l’aéroport. Ce n’était pas mon cas en arrivant ici. »

Je crois que tu es un membre actif de la communauté musulmane de Prague. Ton restaurant est halal, il y a aussi le Coran dans la vitrine. Est-ce qu’aujourd’hui c’est facile de pratiquer l’Islam à Prague ?

« C’est très très facile. En fait, je ne pensais pas au début que ce serait aussi facile. Je vis ma foi en tant que musulman à Prague peut-être mieux qu’en Algérie. Je reviens de la prière du vendredi dans le centre de prière près de la Place Venceslas. Il y a environ 200 fidèles chaque vendredi. »

Dans cette émission il y a toujours la même question à la fin : Quels sont tes endroits préférés à Prague pour te balader et pour manger ?

« Mon restaurant préféré c’est Chez Amis ! Beaucoup de Tchèques l’appellent Chez les amis... Je le considère comme mon endroit préféré. Mes amis y viennent prendre le thé... Pour me balader, je dirais peut-être le Parc zoologique ; au printemps j’y vais souvent le week-end. »

Photos: Štěpánka Budková